C'était un engagement oral hors programme, mais un engagement tout de même. Avant la présidentielle 2012, François Hollande avait promis, s'il était élu, d'organiser une conférence de presse deux fois par an pour s'expliquer et rendre compte de sa politique. Jusqu'ici, le chef de l'Etat s'y était toujours tenu. L'an dernier, il s'était plié à l'exercice le 5 février. L'année précédente, le 14 janvier 2014, un fameux déplacement en scooter avait été au cœur de l'attention. En 2013, des vœux à la presse avaient été organisés.
La conférence repoussée. Mais alors que la dernière grande rencontre du président avec les journalistes a eu lieu le 7 septembre dernier, aucune autre n'est prévue ce mois-ci, ni même le mois prochain. Le rendez-vous a été repoussé sine die, pour la première fois depuis le début du quinquennat. Pour l'Elysée, l'exercice de la conférence de presse tire le président vers le bas.
Un exercice trop risqué. Si François Hollande se confronte aux journalistes aujourd’hui, il n’échappera pas aux questions sur la primaire à gauche, sur sa candidature indexée sur la courbe du chômage en 2017 et éventuellement sur la réforme constitutionnelle. Or, à dix-huit mois de l’élection présidentielle, le regard des électeurs est la seule préoccupation de François Hollande. Son atout, c’est qu’il occupe le fauteuil présidentiel. Il doit donc rester dans une posture de solennité ou de rapport direct avec les Français.
Hollande préfère le contact direct. La carte de la solennité, le chef de l'Etat l'a jouée avec l’allocution du 31 décembre. Celle-ci a été suivie par 11 millions de téléspectateurs, soit 2 millions de plus que l’année passée. Quant à la proximité avec les électeurs, François Hollande l'entretient avec ses déplacements sur le terrain. Le président mise aussi sur les réseaux sociaux : Twitter, sur lequel il a 1,5 millions de followers, mais aussi Snapchat ou Instagram, qui lui permettent d'atteindre les jeunes.
Manuel Valls envoyé au front. Cette rupture dans la communication présidentielle est soutenue par Manuel Valls. Car si le chef de l'Etat a fait le choix de la rareté de la parole médiatique, son Premier ministre, lui, est omniprésent. C'est lui qui est chargé de parler partout, tout le temps, pour faire la pédagogie de la réforme. S'il ne risquait pas de briser un engagement de campagne, François Hollande continuerait bien ainsi toute l'année. Lors de sa dernière conférence de presse, le président, non sans ironie, avait d'ailleurs donné rendez-vous aux journalistes pour "d'autres questions qui peuvent ressembler à celles qui ont été posées aujourd'hui"…