La justice a besoin «de respect, d'indépendance», estime Dupond-Moretti à propos de la colère des policiers. 1:05
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avec AFP / Crédit photo : CHRISTOPHE SIMON / AFP , modifié à
Le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, a estimé vendredi que la justice, comme les policiers, avait besoin "de respect", "d'indépendance" et qu'on la "laisse travailler" au lendemain du soutien du ministre de l'Intérieur aux policiers protestant contre l'incarcération d'un de leurs collègues.

Le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, a estimé vendredi que la justice, comme les policiers, avait besoin "de respect", "d'indépendance" et qu'on la "laisse travailler" au lendemain du soutien du ministre de l'Intérieur aux policiers protestant contre l'incarcération d'un de leurs collègues. La justice "a besoin, comme les policiers, de respect, elle a besoin d'indépendance, elle a besoin qu'on la laisse travailler", a affirmé Eric Dupond-Moretti en déplacement au Pontet dans le Vaucluse.

"La justice ne se rend pas dans la rue et ne se rend pas sur les plateaux de télévision. Elle se rend dans les palais de justice", a-t-il déclaré, ajoutant que "quand on n'est pas content d'une décision, eh bien on utilise les voies de recours que nous autorise le code de procédure pénale". Cette déclaration intervient au lendemain de la réunion de crise entre le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et des syndicats de policiers qui soutiennent le mouvement de protestations de fonctionnaires de police contre l'incarcération de l'un des leurs, accusé de violences policières, à Marseille.

"Merci pour leur engagement, pour leur courage" 

"Les policiers ne peuvent pas être les seules personnes en France pour lesquelles la présomption d'innocence (...) est remplacée par la présomption de culpabilité", avait notamment dit Gérald Darmanin, suscitant l'inquiétude de hauts magistrats qui ont parlé d'une nouvelle "atteinte" à l'indépendance de la justice. "Les policiers méritent, et le ministre de l'Intérieur l'a rappelé hier (jeudi), notre respect. Ceux qui injurient les policiers se comportent mal et sortent des valeurs de la République", a affirmé le garde des Sceaux.

"Moi je leur dis merci : merci pour ce qu'ils ont fait, merci pour leur engagement, pour leur courage", a-t-il ajouté, sans préciser ce qu'il pensait de la demande des policiers de pouvoir bénéficier d'un cadre juridique spécifique évitant toute détention provisoire pour des faits dans le cadre de leur fonction.

"Les policiers et les magistrats ont rétabli l'ordre juste" 

"Les policiers et les magistrats ensemble dans la même barque républicaine ne ce sont pas contentés de rétablir l'ordre, ils ont rétabli l'ordre juste", a poursuivi Eric Dupond-Moretti, en référence aux émeutes qui ont secoué plusieurs villes de France début juillet, à la suite de la mort du jeune Nahel, tué par un policier lors d'un contrôle routier. Les forces de l'ordre comme les magistrats, à l'occasion de nombreuses comparutions immédiates, ont été fortement mobilisés.

Le ministre n'a, en revanche, pas voulu commenter la décision de la Cour de cassation qui, quelques minutes avant sa prise de parole au Pontet, avait confirmé qu'Eric Dupond-Moretti serait prochainement jugé par la Cour de justice de la République (CJR) pour prise illégale d'intérêts. "Je répondrai le moment venu, chaque chose en son temps", a indiqué le garde des Sceaux.