Front commun véhément gauche-droite à l'Assemblée contre la limitation à 80 km/h

La proposition de loi a été rejetée par 95 voix contre 68.
La proposition de loi a été rejetée par 95 voix contre 68. © PHILIPPE LOPEZ / AFP
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Europe1.fr avec AFP , modifié à
La gauche a soutenu une proposition de loi d'un député LR, demandant "une adaptation" des vitesses maximales autorisées sur les routes. 

Gauche et droite ont soutenu jeudi une proposition de loi LR à l'Assemblée contre la limitation à 80 km/h sur les routes secondaires, finalement rejetée par la majorité au terme d'un débat parfois véhément.

La proposition de loi du LR Vincent Descoeur pour "une adaptation" par les maires, présidents de conseils départementaux et préfets, des vitesses maximales autorisées sur les routes a été rejetée par 95 voix contre 68. Gauche et droite s'en sont une nouvelle fois pris au passage de 90 à 80 km/h de la limitation de vitesse sur 400.000 kilomètres de routes secondaires au 1er juillet par lequel le gouvernement espère sauver jusqu'à 400 vies par an.

"Le temps perdu sera insupportable". "Cette mesure ignore les difficultés de déplacement dans les territoires ruraux et de montagne (...) Le temps perdu sera insupportable", a estimé Vincent Descoeur, élu du Cantal, s'en prenant à une majorité "qui préfère les cyclistes urbains connectés aux ruraux roulant au diesel".

Le socialiste Hervé Saulignac, élu de l'Ardèche "où il n'y a que 14 km de voies rapides", a dénoncé une "provocation, une gifle et une intrusion dans le quotidien de 26 millions d'automobilistes", ce qui "nourrit un sentiment de ras-le-bol". "Les habitants des départements ruraux se sentent rejetés, oubliés", a tempêté le communiste Jean-Paul Dufrègne, élu de l'Allier.

"Un problème de sécurité routière", martèle le gouvernement. La ministre Jacqueline Gourault a estimé que les députés opposés au passage à 80 km/h avaient "tort d'en faire un problème ville-campagne". "C'est un problème de sécurité routière", a-t-elle martelé, soulignant "qu'on a 2,7 fois plus de risques d'être tué" dans ces territoires ruraux.

"Le danger commence là où on croit qu'il n'y en a pas. Quand il fait beau, que la route est sèche et droite, on accélère et on meurt plus", a-t-elle dit, en revendiquant le plein soutien des forces de l'ordre et des secouristes sur ce texte.  Le MoDem Philippe Latombe, élu de Vendée, s'est étonné "des discours électoralistes et populistes" dans l'hémicycle, estimant que "si la baisse de la vitesse permet de sauver des vies, c'est le seul argument qui tienne". Il s'est attiré les protestations des autres bancs.

"40 millions de Français se sentent méprisés par cette mesure, alors oui je suis populiste", lui a répondu Hervé Saulignac, applaudi par LR. Le chef de file des communistes André Chassaigne a dénoncé un "mépris moralisateur" éloigné de "la réalité du terrain".

Une quinzaine de députés UDI-Agir et LR ont par ailleurs déposé mardi au Conseil d'Etat un recours en annulation contre le décret d'application de cette mesure publié dimanche.