Le Premier ministre Gabriel Attal est ce samedi en déplacement dans le Rhône. Il y a dévoilé les grands axes de sa déclaration de politique générale et a échangé avec 150 Français pour "nourrir" encore son discours devant le Parlement, prévu le 30 janvier prochain.
Fort de sa popularité, Gabriel Attal est en déplacement dans le Rhône samedi où il a dévoilé les grands axes de sa déclaration de politique générale attendue le 30 janvier, avant d'échanger avec quelque 150 Français pour "nourrir" encore son discours devant le Parlement. Le nouveau locataire de Matignon échangera publiquement pendant deux heures dans l'après-midi avec des habitants et des maires du département, à Saint-Laurent d'Agny, à une vingtaine de kilomètres de Lyon. Un format qui rappelle le grand débat animé par le président Emmanuel Macron après la crise des gilets jaunes.
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"Je n'envisage pas de préparer (la déclaration de politique générale) en restant dans mon bureau avec mes conseillers. J'aime le terrain, me déplacer", a expliqué Gabriel Attal lors de la cérémonie des voeux de la commune d'Orliénas (2.400 habitants). "Continuer à soutenir la France qui travaille", "renforcer nos services publics" notamment dans les domaines de l'éducation et de la santé, "continuer à renforcer nos policiers, nos gendarmes"" et accélérer "la transition écologique" : le chef du gouvernement a égrené les principaux axes de sa déclaration du 30 janvier. "Un des enjeux qu'on a à traverser (...) c'est comment garder notre identité, notre identité française, nos valeurs, nos grandes forces, dans un monde qui change et qui bouge", a-t-il poursuivi.
Il doit ensuite déjeuner avec des élus locaux, dont le député de la circonscription Jean-Luc Fugit, organisateur de l'événement. Gabriel Attal entend "nourrir" sa déclaration de politique générale de ces rencontres autant que de ses entretiens avec les forces politiques, syndicales, patronales et les associations d'élus reçues ces jours-ci à Matignon. Aller sur le terrain est un exercice que le jeune chef du gouvernement apprécie, inspiré par l'ancien Premier ministre Jean Castex. "La proximité, le terrain, l'écoute, je continue", a-t-il confié à l'un de ses visiteurs cette semaine.
Manifestants
Dès sa nomination, il a effectué plusieurs déplacements, cinq en cinq jours, du Pas-de-Calais inondé au marché de Caen dans le Calvados, en passant par un collège des Yvelines. Sa déclaration de politique générale a été retardée par la longue conférence de presse donnée mardi par Emmanuel Macron , qui a disserté sur de nombreux sujets dont le Premier ministre a la charge.
Gabriel Attal promet des "mesures fortes" pour répondre aux attentes des "classes moyennes", qu'il décrit souvent comme "la France laborieuse, qui se lève tous les matins en ayant le sentiment de travailler pour d'autres". Mais il se dit "lucide" sur les perspectives économiques "incertaines" et le contexte politique "tendu", étant privé de majorité absolue à l'Assemblée nationale.
Cette exposition n'est pas sans risque. Sur le marché de Caen, il a été interpellé par des opposants à la loi sur l'immigration ou sur la situation au Proche-Orient, la voix parfois couverte par les cris de manifestants. "Je ne viens pas pour qu'on me dise tout va bien", avait-il répondu sans sourciller. Dans les Yvelines, il a été confronté à une première polémique touchant la nouvelle ministre de l'Éducation Amélie Oudéa-Castéra qui a scolarisé ses enfants dans l'établissement privé Stanislas , accusé de "dérives" dans un rapport de l'Éducation nationale.
Protéger le président
Mais vis-à-vis de l'Élysée, rencontrer des Français "ça permet de protéger le président". "Car quand on va sur le terrain, on est à portée d'engueulade", note le spécialiste de communication politique Christian Delporte. Son atout reste sa popularité, plus grande que celle du président. En janvier, il est devenu la personnalité politique la plus populaire du baromètre de l'institut de sondages Cluster 17, détrônant Marine Le Pen.
Son aura peut contribuer à envoyer un message "plus audible" au regard d'une parole présidentielle qui semble "démonétisée", analyse l'historien Jean Garrigues. Aller au contact des Français permet aussi de ne pas rester prisonnier de "l'enfer" de Matignon, souligne Mayada Boulos, une proche qui a dirigé la communication de Jean Castex.
En parallèle, Gabriel Attal continue de recevoir rue de Varenne les "forces vives". Après avoir réuni ses ministres jeudi, il a reçu les représentants du patronat Medef et CPME et ceux de la droite, dont les voix à l'Assemblée lui sont indispensables. Il a aussi reçu les syndicats ainsi que le leader du parti d'extrême droite Rassemblement national Jordan Bardella et doit encore échanger la semaine prochaine avec la gauche et les associations d'élus.