Le langage diplomatique n'a pas plu à tout le monde. À gauche, nombre de responsables politiques se sont agacés de la réaction officielle de la France aux violences meurtrières survenues à la frontière de la bande de Gaza, lundi. Alors qu'au moins 59 Palestiniens qui manifestaient contre le déménagement de l'ambassade américaine à Jérusalem ont été tués par des soldats israéliens, les appels à la "retenue" du gouvernement français ont été jugés trop timides.
"Retenue" et "discernement". Lundi soir, dans un communiqué, l'Élysée a "condamné les violences des forces armées israéliennes contre les manifestants" palestiniens à Gaza. Emmanuel Macron a "déploré le grand nombre de victimes civiles palestiniennes" et appelé à "la retenue et à la désescalade". Un peu plus tôt dans la journée, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait lui aussi demandé aux "autorités israéliennes [de] faire preuve de discernement et de retenue dans l'usage de la force, qui doit être strictement proportionné". Mardi matin, Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, a repris exactement les mêmes termes sur BFM TV.
"Coupable silence". De quoi profondément agacer Ian Brossat, adjoint PCF à la mairie de Paris en charge du Logement. "Ces gens font honte à notre pays, a-t-il écrit sur Twitter. En appeler au 'discernement et à la retenue' quand 52 Palestiniens [le bilan a été revu à la hausse après, NDLR] meurent dans un bain de sang ? Quelle pitié de voir notre gouvernement incapable d'appeler à autre chose qu'à la retenue." Pierre Laurent, secrétaire national PCF, a quant à lui condamné sur le même réseau social le "coupable silence" du gouvernement, qui devrait plutôt, selon lui, "agir pour protéger le peuple palestinien".
Ces gens font honte à notre pays.
— Ian Brossat (@IanBrossat) 15 mai 2018
En appeler au "discernement et à la retenue" quand 52 Palestiniens meurent dans un bain de sang ? https://t.co/Mxid42zRwd
Mon cœur saigne en voyant le massacre de #Gaza. Quelle pitié de voir notre gouvernement incapable d'appeler à autre chose qu'à "la retenue".
— Ian Brossat (@IanBrossat) 14 mai 2018
52 Palestiniens tués dont 8 enfants. La retenue, vraiment ?
Mélenchon veut convoquer l'ambassadrice israélienne. Du côté de la France Insoumise aussi, les réactions de l'exécutif ont été jugées trop timides. "Le gouvernement appelle tout le monde à faire preuve de responsabilités. Ça veut dire quoi pour les Palestiniens ? Mourir en silence, ne rien dire sur l'ambassade US à Jérusalem ?", s'est demandé le député Eric Coquerel sur Twitter. Ses collègues Jean-Luc Mélenchon et Adrien Quatennens ont, eux, respectivement réclamé la convocation de l'ambassadrice d'Israël à Paris par l'Élysée et une "opposition sans réserve" de la France.
1/2 52 palestiniens, dont des enfants, tués par l’armée israélienne et le gouvernement appelle tout le monde à faire preuve de responsabilités. Ça veut dire quoi pour les palestiniens ? Mourir en silence, ne rien dire sur l’ambassade US à Jérusalem? #Gazahttps://t.co/YwT6reeeAl
— Eric Coquerel (@ericcoquerel) 14 mai 2018
"Condamnations de pure forme". Prompt à monter au créneau médiatiquement ces derniers jours, Benoît Hamon, ex-PS fondateur de son mouvement Génération.s., a souligné de son côté que "la France ne peut pas se contenter de condamnations de pure forme". Interrogé sur RTL mardi matin, l'ancien candidat socialiste à la présidentielle, qui est favorable à la reconnaissance de l'État palestinien, a sévèrement jugé l'action d'Emmanuel Macron au Proche-Orient. "Il brille dans les magazines mais il fait peu briller la diplomatie française", a-t-il déclaré, estimant que le président de la République est "inoffensif".