Les syndicats de policiers réagissent depuis la nomination de Gérald Darmanin au ministère de l'Intérieur. S'ils sont rassurés de voir Christophe Castaner, avec qui les relations étaient plus que tendues ces derniers temps, remplacé, ils ne donnent pas un blanc-seing à son successeur pour autant.
Désormais premier flic de France, intime de Xavier Bertrand et proche de Nicolas Sarkozy, Gérald Darmanin a été nommé lundi pour remplacer Christophe Castaner à l'Intérieur. Le ministre du Budget avait déjà fait part de son envie de rejoindre Beauvau au départ de Gérard Collomb il y a deux ans. À 37 ans, c'est désormais chose faite. Et au sein des forces de l'ordre, les réactions sont plutôt positives.
"Le lien avait été distendu avec Christophe Castaner"
Il faut dire que, ces dernières semaines, le malaise était palpable entre elles et leur ministre de tutelle, Christophe Castaner, sur fond d'accusations de violences policières. Patrice Ribeiro, secrétaire général de Synergie Officiers, est soulagé de tourner cette page du quinquennat. "Le lien avait été distendu, voire rompu avec Christophe Castaner. Aujourd'hui, on a quelqu'un de 'rassurant' parce qu'il a l'oreille du président."
C'est bien la proximité de Gérald Darmanin avec le chef de l'État qui compte aux yeux du responsable syndical. "Ce qui est important pour les policiers c'est d'avoir un chef, quelqu'un en capacité d'incarner, et quelqu'un avec un poids politique suffisant pour emporter des décisions, voire des arbitrages en période de crise."
Thierry Clair, secrétaire national UNSA Police, est lui plus mesuré. Certes, "les policiers étaient mal à l'aise, en colère, par rapport aux propos tenus par Christophe Castaner", qui avait notamment voulu interdire la méthode de la clef d'étranglement. "Ces propos étaient malvenus. Nous souhaitons que le ministre [Darmanin] nous accorde un dialogue social riche, nourri."
Quelques réserves
Les syndicats s'accordent pour souhaiter une reprise rapide des dossiers de fond. Livre blanc de la sécurité intérieure, indemnité du travail de nuit... Reste tout de même des interrogations, notamment sur le portefeuille de Marlène Schiappa, désormais placée sous l'autorité de Gérald Darmanin. "Il va falloir qu'elle reste à la citoyenneté et qu'elle ne se mêle pas de police", glisse un haut responsable.
Enfin, seule réserve émise avant la passation, Yves Lefebvre, secrétaire général d'unité SGP Police, espère que la reprise récente des investigations concernant une plainte pour viol en 2009 contre Gérald Darmanin, plainte d'abord classée sans suite, ne sera pas une entrave à l'exercice de son ministère.