Laurent Wauquiez l'avait exclu du parti en 2017. Aujourd'hui, Gérald Darmanin savoure sa revanche avec des piques ciselées. Invité lundi sur Europe 1, le ministre de l'Action et des Comptes publics a tiré à boulets rouges sur le désormais ex-patron des Républicains, qui s'est retiré après la lourde défaite de sa formation aux européennes. "Je retiendrai de l'histoire de Laurent Wauquiez qu'il a mis la droite au plus bas niveau de son histoire politique", a persiflé Gérald Darmanin. Mais aussi "qu'il a été le seul à ne pas choisir [entre les deux tours de la présidentielle] entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen."
LR a perdu toute "cohérence idéologique"
"On retiendra aussi qu'il a fait la plus grande purge : il a exclu Edouard Philippe, Bruno Le Maire, Sébastien Lecornu, moi-même…", a rappelé Gérald Darmanin. "Au lieu de préférer son pays à son parti, Laurent Wauquiez est devenu un homme sectaire et a amené la droite à 8%." Une allusion aux 8,5% recueillis aux européennes par la liste LR emmenée par François-Xavier Bellamy. "Ce n'est pas seulement Edouard Philippe qui est parti, ce sont les électeurs."
Selon le ministre, Laurent Wauquiez aurait dû "répondre à la main tendue d'Emmanuel Macron" après son arrivée à l'Élysée, plutôt que de s'enfermer dans ce qu'il voit comme une obstruction systématique. Citant la privatisation d'Aéroport de Paris, sujet sur lequel la droite a fait alliance avec la France insoumise pour réclamer un référendum d'initiative partagée, mais aussi la suppression des contrats aidés ou la réforme de la SNCF, Gérald Darmanin a estimé qu'il "n'y a plus de cohérence idéologique chez LR". "Ce qu'il faut, c'est de la cohérence idéologique, travailler pour le pays. Emmanuel Macron et Edouard Philippe sont en train d'aider le pays à aller mieux."
"J'ai bien fait de suivre Edouard Philippe"
Même les autres personnalités LR ne trouvent pas grâce aux yeux de l'élu municipal de Tourcoing. "Ni Valérie Pécresse ni François Baroin n'ont une ligne modérée", a-t-il fait valoir, pointant leur programme économique et fustigeant une inclination à la dépense publique trop prononcée. "Valérie Pécresse propose d'augmenter le Smic. Cela peut être doux à l'oreille mais c'est une vieille formule qui n'a jamais fonctionné. Ce qu'il faut c'est faire baisser les impôts et les charges, ce qui n'est pas tellement possible si on continue, comme François Baroin, de proposer l'augmentation des dotations aux collectivités locales."
En résumé, Gérald Darmanin ne regrette pas une seconde d'avoir changé de famille politique. "J'ai bien fait de suivre Edouard Philippe", a-t-il lancé, "parce que je crois que nous réformons le pays". Et le ministre d'embrasser l'opposition binaire instaurée par Emmanuel Macron entre LREM et le Rassemblement national : "Ce qu'il faut, c'est savoir si on veut battre Marine Le Pen, si on veut que la France soit dans le concert des Nations, ou si l'on veut effectivement jouer la politique du pire ou la politique aigrie."