Gérald Darmanin présente mardi, dans un entretien au Parisien, son plan pour économiser 4,5 milliards d'euros et limiter à 3% le déficit public en 2017, et ce principalement en réduisant le train de vie des ministères. Une méthode qui peine à convaincre Gérard Larcher, pourtant politiquement issu du même rang que le ministre de l'Action et des Comptes publics. "La technique n'a pas changé. On est rabot au lieu de se poser des questions de structure. La Cour des Comptes donne un objectif de 15 milliards d'ici fin 2018. J'ai vu un ministre des Comptes publics qui fait un certain nombre de calculs, mais je ne suis pas sûr que [revoir] le parc automobile des ministères va y suffire", a-t-il ironisé au micro de la matinale d'Europe 1.
La France malade de sa dépense publique ? "Le vrai sujet, c'est que la France est en train de mourir de sa dépense publique, une dépense publique qui n'est plus supportable", martèle le président du Sénat. "Il va falloir se poser la question de la dépense publique collectivement, quelle que soit notre position politique", assure-t-il. "Nous sommes 15 millions de moins que les Allemands et nous avons un million de plus d'acteurs dans la fonction publique, est-ce que c'est tenable longtemps ? C'est ça l'interrogation", explique Gérard Larcher.
La taxe d'habitation, pomme de discorde. "Au fond, c'est la méthode qui ne va pas, et d'abord une méthode de crédibilité". Le responsable politique pointe ainsi une dissonance entre les promesses faites pendant la campagne, en partie renouvelée devant le Congrès et dans le discours de politique générale, et la cure d'économies annoncée par Bercy. "On a un discours de politique générale, mardi, avec un certain nombre d'annonces : on va différer un certain nombre de décisions, les étaler dans le temps. Par exemple, pour la taxe d'habitation, il va falloir trouver trois milliards", pointe-t-il.
La taxe d'habitation "est une perte d'autonomie fiscale [pour les collectivités locales, ndlr] qui ne résoudra pas les questions d'inégalités envers les classes moyennes", estime-t-il. "Il y a un vrai sujet d'inégalité dans la taxe d'habitation, ce sont les valeurs locatives qui n'ont pas bougées depuis 44 ans", reconnaît cependant l'élu. "Ayons le courage de nous attaquer à la vraie inégalité ! Mais si le gouvernement veut s'attaquer à l'autonomie fiscale des collectivités locales, il commettra une faute quasi-constitutionnelle", lance-t-il en guise d'avertissement.