Droit dans ses bottes, toujours, mais prêt à discuter. Confronté à la crise des "gilets jaunes" qui dure désormais depuis près de deux semaines, Emmanuel Macron s'apprête à moduler quelque peu sa communication. Jusqu'ici, l'exécutif avait martelé le bien-fondé de la taxation du diesel et refusé toute concertation, que ce soit avec les "gilets jaunes", qui n'avaient jusqu'ici de toute façon pas de porte-parole officiel pouvant servir d'intermédiaire, ou avec les syndicats, laissés sur la touche. Sans grand succès.
C'est donc l'heure du changement, mais de style uniquement. Mardi, le chef de l'État a prévu de prendre la parole pour présenter une "stratégie" pour "la transition écologique". Un "pacte social" doit permettre d'accompagner les "classes moyennes et laborieuses" dans cette transition. "Le tournant de demain [mardi] ne porte pas sur le contenu de notre politique, il porte sur la méthode", a résumé le patron des députés LREM, Gilles Le Gendre, lundi.
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Des annonces compensatoires. Emmanuel Macron profite en réalité à la fois de la présentation en conseil des ministres lundi du projet de loi mobilités, et de l'annonce de la programmation pluriannuelle de l'énergie jusqu'en 2028 mardi. Pour faire passer la pilule et calmer la grogne, l'explication de texte sur la trajectoire énergétique de la France se doublera d'annonces ou de démentis clairement destinés aux "gilets jaunes". Des mesures de court comme de long termes qui doivent compenser la charge que représente cette transition pour les "classes moyennes et laborieuses". On peut par exemple noter la disparition des péages urbains ou de la taxe poids-lourds du projet de loi mobilités.
Par ailleurs, le chef de l'État a annoncé la création d'un Haut conseil pour le climat, placé sous l'autorité de Matignon, qui sera officiellement lancé mardi. Composée de 13 experts et scientifiques, cette instance sera chargée de conseiller l'exécutif sur la transition écologique, mais aussi d'évaluer les dispositifs mis en place.
Plus de concertation. Surtout, le président de la République est déterminé à introduire plus de concertation. Pour ce faire, il compte ressusciter le Conseil national de la transition écologique, qui existe depuis 2013 et qui rassemble des syndicats, des associations et des élus également chargés d'une mission de conseil. "L'idée, c'est de faire du CNTE un forum démocratique", explique l'entourage d'Emmanuel Macron au Monde. Écoute, dialogue et remontées de terrain doivent calmer la colère populaire.
Les syndicats sont également remis dans le jeu, avec une invitation officielle mardi pour entendre Emmanuel Macron. Une attitude qui tranche avec celle d'Edouard Philippe il y a tout juste une semaine. Le Premier ministre avait opposé une fin de non-recevoir au leader de la CFDT, Laurent Berger, qui proposait alors la construction d'un "pacte social" de la transition écologique. Pas rancunier, le syndicaliste sera bien présent mardi. Avec, dans sa besace, quelques propositions comme la prise en charge à 50% des déplacements des salariés par leurs employeurs en dehors de l'Île-de-France.