Christophe Castaner a mis en cause mardi dans l'hémicycle le comportement du député Loïc Prud'homme, blessé lors d'une manifestation de "gilets jaunes", et demande à confronter sa version des faits.
Interpellé par le député LFI Loïc Prud'homme qui affirme avoir été "matraqué" lors d'une manifestation de "gilets jaunes" à Bordeaux, le ministre de l'Intérieur a rétorqué mardi qu'un député n'avait pas sa "place" dans un lieu "interdit" à la manifestation. Loïc Prud'homme, qui dit avoir été blessé par la police, a pris à partie Christophe Castaner lors des questions au gouvernement (QAG). "Vous utilisez la police et la justice pour réprimer toute contestation sociale. (...) Dois-je maintenant me cacher pour éviter la répression politique et l'arbitraire ?", lui a-t-il lancé.
Castaner appelle à confronter une autre version des faits. "La blessure que vous avez pu montrer sur les réseaux sociaux appelle votre émotion, mon émotion aussi", a répondu Christophe Castaner, alors que l'élu avait posté samedi un message accompagné d'une vidéo montrant son oreille gauche, sur laquelle on distinguait une tache de sang. Le ministre a annoncé qu'"une plainte" avait été déposée, "cela permettra à celles et ceux qui seraient mis en cause de pouvoir produire l'ensemble des images qu'ils ont à leur disposition et de voir aussi une réalité un peu différente de celle que vous évoquez".
"Ce n'est pas la place d'un député". "Par deux fois vous êtes revenu vers les forces de sécurité (...) et vous avez eu l'occasion à un moment, je le sais, d'exhiber votre carte de député. D'ailleurs celle-ci n'a pas été reconnue et vous devez vous en souvenir puisqu'un policier vous a répondu 'moi aussi je suis flic' et sur ces bases, il y a eu une confrontation physique, ce que je regrette". Christophe Castaner a ensuite critiqué le comportement de Loïc Prud'homme : "Il me semble que ce n'est pas la place d'un député que d'être dans un lieu interdit pour une manifestation, et que ça n'est pas l'attitude d'un député que de se retourner, de provoquer, de baisser le bouclier de protection des forces de l'ordre", a-t-il poursuivi sous les applaudissements de la majorité, tandis que les députés LFI quittaient l'hémicycle en criant "honte à vous".
"Un message qui crée un trouble" selon Mélenchon. À son retour dans l'hémicycle, après la séance des QAG, le chef de file des députés Insoumis Jean-Luc Mélenchon a jugé ces applaudissements "extrêmement choquants". "Il n'est pas acceptable que le ministre de l'Intérieur envoie un message qui crée un trouble ou donne le sentiment que l'on puisse légitimer de frapper un député", en demandant à pouvoir confronter une autre version des faits, a ajouté l'ancien candidat à l'élection présidentielle, dans un rappel au règlement. Devant la presse, Loïc Prud'homme a lui dénoncé des propos "honteux" : "Castaner ajoute du mensonge aux propos abjects du préfet. Je suis outré". "Et ces robots qui se lèvent pour applaudir ! Aucun ne m'a apporté son soutien pour dire que ce qui s'est passé n'était pas digne d'une République", a-t-il ajouté.