Edouard Philippe ne s'"exonère d'aucune responsabilité" face à la crise des "gilets jaunes", a-t-il affirmé jeudi, tout en avertissant contre le risque de "dépenser beaucoup d'argent" en "peu de mots".
Dans la conclusion du débat au Sénat sur les mesures d'apaisement du gouvernement, le Premier ministre a terminé sur une défense de son style et un avertissement sur les finances publiques.
"J'essaie de m'exprimer avec calme". "Je ne m'exonère d'aucune responsabilité parce que, pour le dire trivialement, 'ce n'est pas le genre de la maison' et parce que de toute façon ce n'est pas possible quand on est Premier ministre", a déclaré le chef du gouvernement devant les sénateurs. "J'essaie de m'exprimer avec calme, avec nuance, en ne cherchant jamais à simplifier ou à caricaturer, ce qui dans les canons du débat public actuel n'est pas toujours spectaculaire, il faut bien le reconnaître", a-t-il plaidé.
#DirectSenat#GiletsJaunes@EPhilippePM : "Je ne crois pas une seconde qu'il faille s'exonérer de nos responsabilités en rejetant la faute sur le passé." pic.twitter.com/LL734G68pX
— Public Sénat (@publicsenat) 6 décembre 2018
"Eviter que la dette n'explose". Quand le gouvernement vient de tirer un trait sur 4 milliards d'euros de ressources fiscales en annulant la hausse de la taxe carbone en 2019, le Premier ministre a mis en garde sur le financement des nombreuses mesures mises sur la table par les oppositions pour calmer la fronde des "gilets jaunes".
"Parfois en très peu de mots on dépense beaucoup d'argent public. En très peu de mots. Et souvent on peine à voir les ressources qu'il conviendrait de mettre en face de ces mots", a fait valoir l'ex-maire du Havre. "Il faudra donc que nous veillions collectivement à assurer un équilibre des finances publiques pour éviter que la dette n'explose", a-t-il poursuivi, en résumant son discours : "apaisement, débat, appel à la responsabilité et détermination à assurer la sécurité des Français".
"C'était plus un bilan que des perspectives", a observé le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau, alors que l'avenir d'Edouard Philippe à Matignon est remis en cause par la crise. "Il a fait le job, il a fait son travail de Premier ministre mais on sent que la flamme n'est plus là", a-t-il dit à l'AFP. "Je ne pense pas que ça puisse durer très longtemps, mais il est en fonction", a pour sa part jugé son homologue socialiste Patrick Kanner.