En se rendant sur le site de la Souterraine mercredi, Bruno Le Maire et son secrétaire d'Etat Benjamin Griveaux avaient à cœur d'assurer aux salariés de GM&S Industry leur total soutien et investissement. Le ministre de l'Economie a assuré que l'équipementier automobile creusois GM&S serait préservé pour "les cinq ans qui viennent", avec la garantie que pas un seul salarié ne serait "laissé de côté". "Un moment important" pour Benjamin Griveaux, invité de la matinale d'Europe 1 jeudi. "Nous avons eu l’occasion d’échanger avec les salariés, ils nous ont fait visiter l’usine. Ce qui permet d’incarner des dossiers qui se limitent parfois à des chiffres, des colonnes", explique-t-il. Que faut-il retenir de cette visite ?
L'exécutif se réjouit des avancées
"Quand on est arrivés aux responsabilités à Bercy, Bruno Le Maire et moi-même quelques semaines plus tard, il n'y avait pas d'offres de reprise, par d'investissements prévus et un carnet de commande désespérément vide", constate Benjamin Griveaux. "Aujourd'hui, nous avons une offre de reprise solide, l'entreprise GMD, un groupe reconnu", précise le secrétaire d'Etat. Le Tribunal de Commerce de Poitiers se prononcera lundi sur cette unique offre de reprise, qui prévoit le maintien de 120 salariés sur 277.
Benjamin Griveaux liste également l'obtention d'investissements, "indispensables sur le site, à hauteur de 15 millions d’euros : 5 millions pour l’Etat, 5 millions pour Renault, 5 millions pour PSA, qui était le sujet qui nous manquait en début de semaine". Le secrétaire d'Etat salue à cet effet "les efforts des deux constructeurs, à la fois de Carlos Ghosn (le PDG de Renault, ndlr) et de Carlos Tavares (le PDG de Peugeot, ndlr), dans ce dossier". Le principal motif de satisfaction pour l'exécutif, ce sont surtout des carnets de commande remplis pour la Souterraine : "22 millions d’euros sur cinq ans", soit "10 millions de la part de Renault, et 12 millions de la part de PSA", précise-t-il. "Au début, nous avions un engagement sur trois années. C’est passé à cinq ans avec des commandes de pièces nouvelles, pas seulement sur des pièces déjà en circulation", se réjouit Benjamin Griveaux.
"Notre objectif est clair : que cette entreprise de la Souterraine dans la Creuse ne ferme pas. Si elle ferme, c’est la fin d’un site industriel important dans un territoire qui connaît des difficultés et dont on sait qu’il sera difficile à réindustrialiser", affirme le secrétaire d'Etat sur Europe 1.
Des efforts prévus pour la formation des salariés non repris
Face aux salariés de GM&S mercredi, Bruno Le Maire a affirmé que "l'Etat ne laissera personne sur le côté". Un engagement répété par Benjamin Griveaux, jeudi matin sur Europe 1. L'offre de reprise ne concerne que 120 salariés sur 277, et la moyenne d'âge sur le site de la Souterraine est de 50 ans. Pour permettre à chacun de retrouver un emploi, l'exécutif a promis "des efforts exceptionnels (...) notamment sur la question de la formation". Très concrètement, Benjamin Griveaux indique le doublement du montant des primes à la formation pour les salariés qui seraient licenciés. "Les primes à la formation sont de 2.000 à 2.500 euros, elles seront de 5.000 euros, car le besoin en formation sera important", indique-t-il sur notre antenne. Le secrétaire d'Etat annonce également un "accompagnement sur la mobilité", dont le montant ou la mise en oeuvre n'ont pas été précisés, et une prime pour la création d’activité de 2.000 euros. "Il y aura un accompagnement individualisé pour chaque salarié non repris", répète-t-il.
Des embauches espérées dans "18 mois" ?
Sauf coup de théâtre, le Tribunal de Commerce de Poitiers devrait donc trancher lundi entre une nouvelle prolongation, jusqu'au 31 août, ou une liquidation pure et simple de GM&S, placée en redressement judiciaire en décembre, puis en liquidation judiciaire depuis le 30 juin avec une période d'observation jusqu'à lundi. "Si le repreneur GMD lève ses conditions suspensives, le tribunal fixera une autre audience pour l'examen de l'offre. Si les conditions suspensives ne sont pas levées, on s'achemine vers une liquidation", a résumé Me Jean-Louis Borie, l'avocat des salariés, qui a plaidé la poursuite d'activité de l'équipementier creusois jusqu'à fin août.
Mardi, le patron de GMD avait indiqué que "l'ensemble des conditions suspensives" n'étaient pas levées et que son offre ne serait pas finalisée sans une prolongation de la période d'observation. Autres conditions posées par GMD : l'une porte sur le bail du bâtiment industriel, l'autre concerne "l'adhésion des salariés" à son projet. "La balle est dans le camp des pouvoirs publics", a commenté le conseil des salariés.
Mais au micro d'Europe 1, Benjamin Griveaux s'est montré plus que confiant quant à l'offre de reprise de GMD. Mieux encore, il imagine des embauches supplémentaires dans un futur proche. "J’ai la faiblesse de penser que le repreneur (potentiel, ndlr), M. Martineau, qui est un grand professionnel, s’il a un site qui fonctionne, qui est performant, qui a retrouvé de la compétitivité, il n’y a pas de raison que demain, dans six, douze ou dix-huit mois, il n’y ait pas des embauches au-delà de ce seuil de 120", affirme Benjamin Griveaux. "120, c’est un début, une première étape indispensable pour que l’activité puisse reprendre".