Blanquer Macron 4:18
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Jacques Serais, édité par Gauthier Delomez et Manon Fossat , modifié à
Ce jeudi, près de 75% des enseignants devraient faire grève pour protester contre les multiples changements du protocole sanitaire dans les écoles. Une mobilisation inédite depuis 2017 qui vise le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, et qui inquiète l'exécutif à trois mois de la présidentielle.
ANALYSE

Une première depuis le début du quinquennat d'Emmanuel Macron : les onze syndicats d'enseignants aux côtés de la principale fédération de parents d'élèves ont appelé à la grève massive ce jeudi. En cause, les exaspérations face aux multiples changements du protocole sanitaire dans les écoles. La moitié des établissements devrait rester fermé jeudi, jour pendant lequel 75% du personnel pourrait débrayer. Une mobilisation qui fait frémir certains conseillers de l'exécutif, alors que le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, cristallise la colère.

Le potentiel ultra inflammable d'une telle mobilisation

Le chef de l'Etat a fait du maintien des écoles ouvertes sa stratégie, la singularité de la France face à la propagation du variant Omicron au regard des autres pays européens. Un atout revendiqué, une carte maitresse dans cette campagne en passe de se transformer en caillou dans la chaussure présidentielle. La semaine dernière, Emmanuel Macron avait lui-même admis l'erreur de son ministre de l'Education nationale devant une enseignante : "Je vous donne le point, il faut plus d'anticipation", avait concédé le président, un brin agacé par la publication du protocole par voie de presse, la veille de la rentrée.

Une semaine plus tard, les protocoles n'ont cessé d'évoluer, et c'est Jean Castex qui est monté au créneau. Dans la macronie, certains y voient un désaveu de la part du Premier ministre pour Jean-Michel Blanquer. Une tentative aussi de circonscrire un début d'incendie. L'exécutif sait le potentiel ultra inflammable d'une mobilisation d'enseignants à trois mois de la présidentielle.

Ne pas perdre de points avant la présidentielle

Emmanuel Macron, qui bénéficiait jusqu'à présent d'une relative bonne image quant à la gestion de la crise sanitaire, n'a aucune envie de perdre des points dans cette dernière ligne droite. Le chef de l'Etat qui s'est retrouvé face à une autre mobilisation, celle des soignants, mardi, qui réclament davantage de moyens pour l'hôpital. Plusieurs manifestations ont eu lieu un peu partout en France, notamment à Paris.

Invité d'Europe Midi mercredi, Jean-Paul Brighelli, professeur agrégé de lettres, enseignant et essayiste français spécialiste des questions d'éducation, s'est dit opposé au mouvement de grève des enseignants prévu jeudi. "Le ministre de l'Education a raison quand il dit qu'on ne fait pas grève contre un virus. Cela fait deux ans que les enfants sont bousillés par une politique de restrictions scolaires effarantes et qui n'a jamais été le fait de Jean-Michel Blanquer mais qui vient des instances médicales qui ont pris le pouvoir dans ce pays", a-t-il déploré. 

"Une grève politique"

Jean-Paul Brighelli a par ailleurs estimé qu'une grève contre Olivier Véran ou le professeur Delfraissy serait justifiée. "Je comprends tout à fait que l'on fasse grève contre les restrictions absolument invraisemblables que l'on impose aux élèves qui ne demandent qu'à suivre des cours et qui, en plus, ne risquent rien. Toutes les études le prouvent. Et les professeurs quant à eux ne risquent pas grand chose. Depuis le début de l'épidémie, pas un seul n'est mort des suites du Covid", a-t-il lancé.

Selon lui, la solution est de laisser les classes ouvertes et que seuls les enfants malades soient contraints de rester chez eux. "On passe notre temps à tester des gens qui n'ont aucun symptôme. Forcément on trouve des gens positifs parce que les testeurs sont assez sensibles. Mais imaginez que l'on vous teste pour le Covid, le rhume, la grippe... Nous sommes tous déjà allés en classe en étant un peu malades", a-t-il poursuivi avant d'assurer que cette grève est "une grève très politique".

"On essaie de faire payer à Blanquer d'un côté une politique sanitaire catastrophique et de l'autre, un certain nombre de décisions du ministère comme par exemple l'expérimentation en région parisienne de la nouvelle méthode alpha syllabique. Le principal syndicat d'instituteurs a dit que c'était du caporalisme, qu'on voulait leur imposer des méthodes. Alors qu'ils continuent à en utiliser d'autres qui rendent les élèves aussi sots que possible. Mais j'espère qu'aucun parent ne se pliera à des injonctions aussi absurdes."