"Pas question de bouger". Le conflit social se durcit : la CGT continue d'étendre les blocages de raffineries, de dépôts et de terminaux pétroliers alors qu'en face, l'exécutif ne désarme pas. Le chef de l'Etat est implacable. Pour Antonin André, chef du service politique d'Europe 1, le chef de l'Etat déclare en privé : "Il n’est pas question de retirer la loi El Khomri", et de préciser : "non seulement le retrait est exclu, mais le texte ne sera pas modifié. En clair, il n'est pas question de revenir sur le fameux article 2 qui prévoit que les accords d’entreprise prévalent sur les accords de branches. Donc pas question de bouger".
Les raffineries ont peur pour leur avenir. Pour le journaliste, "deux raisons à cette fermeté. La première est politique : si le gouvernement recule, cela veut dire que désormais en France un syndicat peut, en fermant les robinets de carburants, casser une loi parce qu’il la juge mauvaise et rouvrir le robinet quand il la trouve bonne. On va tenir, conclut le président".
Seconde raison de cette fermeté : l’Elysée juge que la CGT instrumentalise la loi El-Khomri, mais que les colères qu’elle agite sont sans rapport avec le texte. Les raffineries ont peur pour leur avenir, il y en avait 12 en France en 2010 il en reste 8. Celle de Donge, rappelle Antonin André, – en pointe dans la mobilisation - est menacée à moyen terme. De même, à la RATP l’enjeu ce sont des hausses de salaires rien à voir avec la loi El Khomri. Quant à la SNCF : "là encore les cheminots sont d’avantage inquiets de l’ouverture du rail à la concurrence et concentrés sur leur hausse de salaires que concernés par la loi travail", analyse le journaliste.
Pas de pénurie, selon l'Elysée. L’épreuve de force pourrait donc bien se poursuivre, mais pas le blocage. "Le droit de grève est reconnu constitutionnellement, le droit de bloquer l’économie, non", rappelle Antonin André. Et de préciser : "Voilà ce que dit le président en privé. Vu de l’Elysée, à l’heure où nous parlons, il n’y a pas de pénurie d’essence affirme-t-on et il n’y en aura pas : les stocks disponibles sont loin d’être épuisés. Et l’exécutif ajoute qu’il ne laissera pas la CGT paralyser le pays ; les évacuations dès qu’elles seront jugées nécessaires seront déclenchées".
François Hollande ne peut plus reculer. Au mois de juin, les grèves pourraient bien s'accumuler, détaille Antonin André : "Grève à la sncf mercredi, journée de mobilisation jeudi, 1er juin re-grève à la sncf, 2 juin à la Ratp,3 juin les aéroports, 14 juin, nouvel appel de l’intersyndicale à la mobilisation nationale. L’épreuve de force va durer y compris pendant l’euro, il n’y aura pas de répit, jusqu’au retour de la loi El Khomri à l’Assemblée en deuxième lecture. Ça va durer, ça va être dur et le Président espère in fine en tirer un bénéfice politique. La seule question désormais, résume François Hollande, c’est de savoir si l’Etat, si le gouvernement tient, c’est le seul enjeu. En d’autres termes, il ne peut plus reculer".