Benoît Hamon n'a pas eu de mots assez durs, mercredi, pour qualifier le soutien de Manuel Valls à Emmanuel Macron. Plus tôt dans la journée, le battu de la primaire de la gauche avait en effet annoncé qu'il voterait pour l'ex-ministre de l'Economie dès le premier tour de la présidentielle. Fustigeant "ceux qui se prêtent à ce jeu morbide", "ces politiciens qui ne croient plus en rien et qui vont là où le vent va, au mépris de toute conviction", le candidat socialiste a estimé que "la démocratie [avait] pris un grand coup de plus".
Un "grand coup" pour la démocratie. "Elle n'en avait pas besoin tant elle a été humiliée par des comportements et des pratiques indignes depuis le début de la campagne présidentielle", a-t-il poursuivi. Avant de prier les électeurs de "sanctionner" et "tourner le dos" à la "vieille politique". "Il n'y a, à mes yeux, plus ni excuses ni prétextes", a-t-il martelé à l'adresse de ceux qui ont "fait tant de mal à la gauche sur la déchéance de nationalité ou la loi Travail". Le vainqueur de la primaire a gauche a ensuite lancé un appel au rassemblement.
Une "position centrale". Il a demandé aux "communistes et à Pierre Laurent", aux "insoumis et à Jean-Luc Mélenchon" d'"unir leurs forces aux [siennes]". "Tout le monde sait que, par mon projet transformateur et sérieux, j'ai une position centrale à gauche. Je suis le seul à pouvoir conjuguer des électorats différents, radicaux et plus mesurés." Un appel qui ressemble à beaucoup d'autres. Le soir même de sa victoire à la primaire, le 29 janvier dernier, Benoît Hamon avait appelé à un grand rassemblement avec les écologistes et la gauche radicale. Les premiers l'ont entendu, et Yannick Jadot, pourtant investi lors d'une autre primaire, s'est désisté pour se ranger derrière lui. Mais aucun accord n'avait été trouvé avec Jean-Luc Mélenchon.
Une candidature unique improbable. La probabilité d'une candidature unique est toujours aussi improbable, pour ne pas dire plus. Pour des raisons de calendrier d'abord : à moins d'un mois du scrutin, il est bien tard pour changer les têtes d'affiche, ce qui implique nécessairement des tractations sur les programmes. Mais aussi parce que Jean-Luc Mélenchon a d'autant moins de raisons de se rallier à Benoît Hamon qu'il le devance dans les enquêtes d'opinion. Le leader de la France Insoumise est, au vu des sondages, mieux placé que le socialiste dans la course à l'Élysée.