Personne ne l'avait vu venir. Surtout pas les poids lourds de son parti, qui soutenaient plus volontiers un Manuel Valls ou un Arnaud Montebourg plus "présidentiable". Mais ce n'est pas pour autant que Benoît Hamon avance seul. À quoi ressemble, aujourd'hui, la galaxie des hamonistes ?
Les très proches
Eux sont là depuis toujours, ou du moins plusieurs années, et forment la garde rapprochée de Benoît Hamon. Ce sont les porte-flingues du revenu universel, les chantres du 49.3 citoyen, et ils peuvent se vanter d'avoir cru avant tout le monde à la victoire du "petit Ben". On y trouve Mathieu Hanotin, député de Seine-Saint-Denis. Avec Roberto Romero, conseiller régional d'Île-de-France, c'est lui qui a orchestré la campagne victorieuse du candidat dont il s'est rapproché en 2014, lors de son éviction du gouvernement.
Régis Juanico, député de la Loire et porte-parole de l'ancien ministre de l'Éducation, fait aussi partie du premier cercle. Les deux hommes se connaissent bien : ils se sont rencontrés au sein du Mouvement des jeunes socialistes (MJS) et c'est Régis Juanico qui a succédé à Benoît Hamon à sa tête, en 1995. Aujourd'hui, "Juanico est à Hamon ce que Le Foll est à Hollande", glisse Emmanuel Maurel, proche d'Arnaud Montebourg, dans Libération. Autrement dit : le pilier, le roc, celui qui restera contre vents et marées.
Autre porte-parole, Alexis Bachelay, député des Hauts-de-Seine, qui a partagé de nombreux combats avec Benoît Hamon sur les bancs de l'Assemblée nationale. Loi Travail, déchéance de nationalité, reconnaissance du burn-out : les deux ont eu le temps de réaliser la proximité de leurs idées. Pendant qu'Alexis Bachelay écume les médias, Ali Rabeh, élu chargé de la jeunesse et des sports à la mairie de Trappes, dans la circonscription de Benoît Hamon, est quant à lui un conseiller de l'ombre, accompagnant son mentor du ministère de la Consommation à celui de l'Éducation nationale.
Dans l'hémicycle du Palais Bourbon aussi, Benoît Hamon a des soutiens de poids. À commencer par Pascal Cherki, député de Paris, qu'il a connu il y a 25 ans. L'élu, frondeur de la première heure, est si solidement ancré dans sa circonscription que Nathalie Kosciusko-Morizet a préféré être parachutée par François Fillon dans le 7ème arrondissement de Paris que de l'affronter aux prochaines législatives. Barbara Romagnan et Fanélie Carrey-Conte s'ajoutent à la liste des frondeurs hamonistes présents depuis le début de la campagne.
Les soutiens enthousiastes (ou au moins beaux joueurs)
Eux n'ont pas fait l'intégralité du voyage avec le vainqueur de la primaire mais s'y sont ralliés sans trop de problème. Comme Martine Aubry et ses proches, Jean-Marc Germain et François Lamy, certains ont fait leur choix seulement entre les deux tours. D'autres, comme Christian Paul, lieutenant d'Arnaud Montebourg, avaient un autre candidat à soutenir pour le premier tour, avant de se rabattre sur Benoît Hamon. Dans tous les cas, ce sont les points de convergence idéologiques qui ont pesé dans la balance. L'ancienne ministre de la Fonction publique, Marylise Lebranchu, a quant à elle rejoint Benoît Hamon juste après le premier tour de la primaire, devançant de quelques jours le communiqué des aubrystes, qu'elle a néanmoins signé.
Vincent Peillon et la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui n'avaient donné aucune consigne de vote pour le second tour, ont salué la victoire de Benoît Hamon dimanche soir. "J'appelle au rassemblement le plus large possible et j'y prendrai toute ma part", a ajouté Vincent Peillon défait au premier tour. En dépit de divergences non négligeables, ces deux personnalités politiques n'ont pas traîné pour se ranger derrière le vainqueur. Tout comme Jean-Luc Bennahmias, qui avait pourtant appelé à voter Manuel Valls, et s'est tourné vers Benoît Hamon avant même que les premiers résultats ne soient publiquement dévoilés.
Je salue la nette victoire de @benoithamon. J'en appelle au rassemblement le plus large possible et j'y prendrai toute ma part.
— Vincent Peillon (@Vincent_Peillon) 29 janvier 2017
Les soutiens plus réticents
C'est le jeu de la primaire. La règle, plutôt : les vaincus doivent soutenir sagement le vainqueur, quand bien même la campagne a été l'occasion de montrer que les gauches seraient très difficilement "réconciliables". Chez les vallsistes, on a eu bien du mal à se résigner à soutenir Benoît Hamon –quand on n'est pas tout simplement allé directement voir du côté d'Emmanuel Macron. Manuel Valls lui-même a certes reconnu immédiatement la victoire de son rival, mais aussi exprimé son "inquiétude" face aux "germes de la décomposition politique" qui "sont bien là". On a déjà vu plus enthousiaste. Sans compter que le vaincu n'assistera pas à l'investiture du vainqueur, le 5 février.
Sans surprise, les soutiens plus ou moins affirmés de Manuel Valls au gouvernement ont aussi du mal à dissimuler leur déception. Bernard Cazeneuve a ainsi assuré le service minimum, lundi, après avoir rencontré le vainqueur. Entre deux hommages à son prédécesseur à Matignon, le Premier ministre a prévenu Benoît Hamon que la gauche "ne réussirait pas sans assumer le bilan du quinquennat", bilan moult fois critiqué par le vainqueur de la primaire.
Juliette Méadel, secrétaire d'État chargée de l'aide aux victimes, a quant à elle estimé que Benoît Hamon devrait "construire un programme qui rassemble et qui ressemble [aux socialistes]"."Le revenu universel, je suis loin d'être enthousiaste, je suis même extrêmement réservé", a reconnu Thierry Mandon, secrétaire d'État chargé de l'Enseignement supérieur, sur Europe 1 lundi. "Cela ne m'empêche pas de considérer que Benoît Hamon est mon candidat." Cela n'empêche rien mais devrait de fait rendre tout plus difficile.
Les deux plus ambigus
Ce n'est pas la première fois qu'on ne comprend pas bien où ils se positionnent. Mais Ségolène Royal et François Hollande ont, vis-à-vis de Benoît Hamon, une attitude pour le moins étrange. Le président est dans l'indifférence la plus totale. Certes, cela a été sa ligne de conduite pendant toute la primaire. ll n'a suivi que deux des trois débats, préférant aller au théâtre le soir du deuxième… Il n'a voté à aucun des deux tours. Le jour du premier, il était même au fin fond du désert chilien… Et le soir du second, il est allé jusqu'à féliciter l'équipe de France de handball pour son sixième titre mondial sans accorder un seul tweet à Benoît Hamon. Les deux hommes doivent se rencontrer jeudi matin à l'Élysée et, d'après Bernard Cazeneuve, il n'est "pas sûr" que François Hollande s'exprime après cette entrevue.
Félicitations à cette formidable équipe de France de nouveau championne du monde ! #FRANOR
— François Hollande (@fhollande) 29 janvier 2017
Du côté de Ségolène Royal, rien n'a l'air très simple non plus. La ministre de l'Environnement aurait voté Benoît Hamon au premier comme au second tour de la primaire. Elle l'a également reçu à son ministère il y a quinze jours, selon le Parisien. Mais en privé, ses mots sont plutôt piquants à l'égard du vainqueur, rapporte le quotidien : "Il a des idées neuves, il ferait un bon Premier secrétaire du PS." Ce qui sous-entend qu'il ne serait donc pas taillé pour l'Élysée.