Benoît Hamon et Arnaud Montebourg ont critiqué vendredi la promesse de Manuel Valls de réviser l'article 49.3 de la Constitution, jugeant peu convaincant son engagement de ne plus utiliser que dans certains cas un instrument qu'il avait employé sur deux textes de loi quand il était Premier ministre.
"Il n'a convaincu personne". "Je crois qu'il n'a convaincu personne", a répondu Benoît Hamon, interrogé sur ces propos par des journalistes. "S'il a utilisé le 49.3, ce n'est pas parce que les frondeurs l'y ont poussé, c'est parce qu'il l'a voulu dès le début de la discussion." "Fut un temps, Manuel Valls assumait", a poursuivi le candidat à la primaire, expliquant que, plus globalement, "je ne l'ai pas trouvé très convaincant sur le fond" lors de la longue émission télévisée à laquelle l'ancien Premier ministre a participé jeudi sur France 2.
En tête des sondages pour la primaire organisée les 22 et 29 janvier par le Parti socialiste, l'ancien chef du gouvernement souhaite que l'article 49.3 ne puisse être à l'avenir utilisé que pour les textes budgétaires. Il a regretté jeudi d'avoir été obligé par les "frondeurs" socialistes à l'utiliser pour faire adopter sans débat la loi Travail. "On m'a imposé le 49.3", a-t-il dit, expliquant avoir ensuite compris "ce que cela donnait comme sentiment de brutalité".
"Un discours pour la candidature et une pratique pour gouvernement". Autre candidat à la primaire, Arnaud Montebourg a fustigé l'ambivalence de Manuel Valls, qui tient selon lui un discours de campagne à l'opposé de la politique menée lorsqu'il était à Matignon. "Il y a un discours pour la candidature et une pratique pour le gouvernement", a jugé sur France 2 l'ex-ministre de l'Économie, à propos notamment du 49.3. Outre la loi Travail, Manuel Valls a utilisé le 49-3 pour faire adopter la loi Macron.
"Coup de force permanent". "La décision est toujours prise par le gouvernement", lui rétorque Arnaud Montebourg. "Et le coup de force permanent qui a été dénoncé pendant ce quinquennat a laissé beaucoup de traces, laissé la gauche en situation de désarticulation." "Changer, grandir, mûrir, cela est la loi de la vie. Est-ce que cela se fait en un mois, quinze jours, trois semaines ? Je crois que Manuel Valls (...) devrait prendre la responsabilité qu'il a prise", a estimé Arnaud Montebourg.