Deux semaines après l'éclatement de l'affaire Théo, jeune homme noir de 22 ans victime d'un viol présumé lors de son interpellation, des manifestations contre les violences policières continuent d'essaimer partout en France. Près de 2.300 personnes étaient réunies samedi à Paris, trois jours après de violents heurts et dégradations à Bobigny. Tandis que François Fillon propose d'abaisser la majorité pénale à 16 ans face "à l'implication de nombreux mineurs" dans ces actes de violence, Benoît Hamon affirme vouloir "pacifier la relation entre la police et le contrôlé", dans une interview au JDD, dimanche.
"Les handicaps n'ont pas été comblés". Le candidat du PS et de ses alliés tacle d'abord le président de la République, jugeant qu'il y a "incontestablement un rendez-vous manqué entre François Hollande et les banlieues". "Il y a eu, en 2012, une volonté d’agir pour les quartiers. Mais aujourd’hui, soyons lucides : en cinq ans, avons-nous apaisé les relations entre la police et la population ? Fait régresser le sentiment d’humiliation ? Amélioré l’intégration sociale ?", interroge Benoît Hamon, pour qui les "handicaps n'ont pas été comblés" en banlieue.
"Police des discriminations". Benoît Hamon défend également sa proposition d'instaurer un récépissé de contrôle d'identité. "La police pense que cela jette la suspicion sur elle et je comprends l’émoi que cela peut provoquer", reconnaît-il. "Mais qu’un de ses représentants affirme que 'bamboula' est un terme convenable, c’est insupportable. La relation police-contrôlé, ce n’est pas les cow-boys et les Indiens", poursuit le député des Yvelines. Le candidat souhaite également mettre en place une "police des discriminations", qui s'assure de l'égalité de tous "par exemple à l'embauche, ou à la location, ou encore à l'entrée d'un lieu public en raison de son sexe", et payer davantage les policiers "dans les zones sensibles, "à l'instar de ce qui se pratique pour les professeurs."
"Je ne suis pas un gentil". Ce panel de mesures évoqué, Benoît Hamon se défend de tout angélisme. "Je ne suis pas un gentil", affirme le candidat. "Je n'ai aucune tolérance avec ceux qui tentent d’imposer leur loi religieuse ou 'caïdaire'. Mais la banlieue ne se résume pas à ça." Et de tacler son adversaire du mouvement "En marche !", Emmanuel Macron, dont le discours sur les banlieues "relève de l'imposture" : "Faire croire qu’un jeune sur deux sera chef d’entreprise, c’est un miroir aux alouettes. Il veut que les jeunes aient envie de devenir milliardaires, mais combien seront-ils à le devenir ?", interroge le candidat du PS et de ses alliés. "L’alternative, ce n’est pas Uber ou tenir les murs."
Un "accord dynamique" avec Jadot ?
Interrogé par le JDD sur ses discussions avec Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot en vue d'un éventuel rassemblement, Benoît Hamon affirme que les candidats "(avancent) dans le rassemblement". "Nous nous sommes parlé vendredi avec Jean-Luc. Quant à Yannick Jadot, s’il y a un accord avec lui, ce ne sera pas Hamon qui prend le programme de Jadot ; et Jadot ne prendra pas tout le programme de Hamon. Ce sera un accord dynamique."