La ministre de la Justice Nicole Belloubet a avancé mardi l'idée d'"un nouveau délit" d'"outrage sexiste" qui donnerait lieu à une contravention, dans le cadre du futur projet de loi contre les violences sexistes et sexuelles.
Une contravention pour "outrage sexiste" ? "C'est un point sur lequel nous devons travailler, s'il faut ajouter un nouveau délit, qui suppose une loi pénale et donc un arsenal juridique assez lourd", a-t-elle déclaré sur France Inter. "On pourrait qualifier ces situations qui se traduisent dans la rue par des faits, qui demandent d'ailleurs à être précisés, d''outrage sexiste' qui pourrait entraîner une contravention, une verbalisation", a poursuivi la garde des Sceaux. "À titre symbolique, ce serait important qu'il y ait ce type de contravention", a-t-elle expliqué, sans "prétendre imposer une solution".
Le harcèlement de rue, cette "zone grise". Le gouvernement prépare pour 2018 un projet de loi contre les violences sexistes et sexuelles. Une concertation a été lancée auprès des acteurs du secteur (policiers, magistrats ...), et les citoyens sont invités à contribuer au futur texte. L'aspect le plus débattu est une verbalisation du harcèlement de rue, cette "zone grise" entre séduction et agression sexuelle ou injure publique.
"Il existe déjà des délits en termes de harcèlement sexuel, de violences sexuelles, etc. Il y a déjà un champ juridique qui est couvert et qui répond à des incriminations très précises", a rappelé Nicole Belloubet, ajoutant qu'il y avait "des mécanismes qui demandaient à être complétés". "J'incite les femmes qui évoquent sur Internet des situations très concrètes à aller porter plainte", a-t-elle insisté.
#Balancetonporc, des mots violents. Dans la foulée du scandale Weinstein aux États-Unis, un appel à dénoncer le harcèlement sexuel au travail est devenu viral sur Twitter, sous le hashtag #balancetonporc. Des termes "très violents", pour la garde des Sceaux : "Il y a dans le mot 'porc' et dans le mot 'balance' deux notions qui ne sont pas celles qu'on voudrait voir régir notre société, la dénonciation et en même temps le profond irrespect qui résulte de ces pratiques". "Les termes choisis sont volontairement choquants; mais c'est cela sans doute qui a incité à libérer la parole", a-t-elle ajouté.