'Nasser', le premier des deux Mistral vendus à l'Egypte fait route vers Alexandrie depuis dimanche. Le deuxième porte-hélicoptère devrait quitter le port de Saint-Nazaire mi-septembre. C'est la fin d'un feuilleton de plusieurs années autour de cette vente, d'abord promise aux Russes avant que le gouvernement français ne refuse de céder ses bâtiments de guerre à Vladimir Poutine. Hervé Guillou, le PDG du groupe naval DCNS, s'est dit "très satisfait de voir ces bateaux quitter le port" lundi sur Europe 1. A la tête d'une entreprise florissante, il revient sur ses ventes et ses projets en cours.
"La France s'en est extrêmement bien sortie." En 2011, la France et la Russie concluent un accord de vente pour deux Mistral français, deux bâtiments de guerre hautement évolués. Mais en pleine crise diplomatique avec la Russie, le gouvernement français fait marche arrière et rompt le contrat en 2015. La France doit alors rembourser 1,2 millions d'euros à Vladimir Poutine. "La France s'en est extrêmement bien sortie", analyse lundi Hervé Guillou. "Entre la rupture officielle du contrat en août à Moscou et le nouveau contrat de vente en octobre à l'Egypte, on a eu très peu de frais fixes." Hervé Guillou affirme qu'il n'y a "pas eu d'indemnités supplémentaires réclamées par Vladimir Poutine." Aujourd'hui, le PDG de DCNS est heureux de voir ses bateaux prendre la mer. "Ils nous coûtaient chaque jour entre 2 et 5 millions d'euros à Saint-Nazaire."
Les navires ont été réadaptés pour cette vente. "On a rendu aux Russes ce qui leur appartenait, notamment en matière de télécommunications. On a formé les Egyptiens. On a changé des milliers de ligne de code, d'étiquettes, d'écran du cyrillique vers l'arabe", détaille le patron de DCNS. Hervé Guillou est résolument tourné vers le Moyen-Orient. "Dans deux ou trois ans, l'Egypte aura sept bateaux produits par DCNS, ce qui lui permettra d'avoir une flotte très complète avec des frégates et des grand bateaux de commandement comme les Mistral", note-t-il.
La France, premier partenaire de l'Australie. DCNS vient par ailleurs de décrocher un appel d'offre avec l'Australie pour douze sous-marins. "C'est formidable pour nous. Nous avons été sélectionnés dans une compétition contre le Japon et l'Allemagne. On va commencer la phase de contractualisation." Grâce à ce projet, la France, et DCNS qui construit déjà les sous-marins d'attaque français, devient le nouveau partenaire de l'Australie pour cinquante ans. "C'est une immense aventure. Exporter dans le monde, c'est absolument fondamental. Aider à la construction de la souveraineté de l'Australie, c'est pérenniser notre propre souveraineté."
Vers un nouveau Charles-de-Gaulle. La France dispose d'un unique porte-avion le Charles-de-Gaulle, souvent en maintenant. "Nous souhaitons envisager un futur Charles-de-Gaulle. Tout le travail que nous faisons en matière d'innovation doit nous préparer à cela. Nous devons être capable de le faire dans quinze ans", conclut Hervé Guillou.
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Contrat avec la Russie, mistral et exportation...par Europe1fr