Hidalgo-Royal, la guerre continue

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La maire de Paris a réclamé la circulation alternée à Paris lundi, mais la ministre de l’Ecologie a temporisé. Un épisode de plus dans le conflit ouvert entre les deux femmes. 

Avec la pollution sur Paris, ce ne sont pas seulement les particules fines qui sont de retour. A chaque épisode, la tension entre Ségolène Royal et Anne Hidalgo redevient aussi visible que le nuage peu ragoûtant au-dessus de la capitale. Dimanche soir donc, pressentant un nouvel épisode de pollution, la maire de Paris réclamait la mise en place, pour le lendemain, de la circulation alternée à Paris.

Trop tard, lui a répondu en substance, depuis la Chine, où elle accompagne François Hollande dans un déplacement, la ministre de l’Environnement. "Pour déclencher une circulation alternée à 17 heures pour le lendemain, il faut quand même un petit délai, ne serait-ce que pour que le dispositif soit mis en place", a déclaré Ségolène Royal, qui met toutefois de l’eau dans son vin. "On est en période de rodage, il y a un petit retard à l'allumage mais il faut maintenant que l'Etat prenne ses responsabilités lorsque les élus le demandent", a-t-elle reconnu.

Ce petit mea culpa n’a pas empêché Anne Hidalgo de s’agacer de ces lenteurs administratives. "Il faut de l'automaticité dans le déclenchement des procédures d'alerte et de circulation alternée. Dès qu'on a les chiffres à la mi-journée, il devrait y avoir, sans qu'on soit obligé de passer par des autorités ministérielles le déclenchement de certaines mesures", a réagi la maire de Paris sur France Inter.

  • La circulation alternée, sujet qui fâche

Si une telle tension persiste, c’est que les relations entre les deux femmes sont, disons, compliquées. Et notamment quand la circulation alternée est évoquée, les nuages s'amoncellent. Pendant le printemps, les échanges avaient ainsi été particulièrement vifs lors des pics de pollution. Là encore, au milieu du mois de mars, c’est Anne Hidalgo qui était montré au créneau pour réclamer la circulation alternée. La réponse de Ségolène Royal avait été cinglante. La ministre s’était refusée à "prendre des décisions intempestives", puis avait lâché, face caméra : "c’est vrai qu’il faut que la ville de Paris agisse de façon beaucoup plus déterminée. Parce qu’il y a beaucoup d’annonces et on ne voit pas beaucoup de changement.


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"La santé des Parisiens et de la population ne peut pas se négocier", avait rétorqué Anne Hidalgo quelques jours plus tard dans Le Parisien. La maire de Paris avait finalement reçu en sous-main le soutien de François Hollande et avait obtenu, après quatre jours de joute verbale, la mise en place de la circulation alternée. La ministre avait alors expliqué en conférence de presse qu’elle avait temporisé pour ne pas céder à "de l'émotionnel démagogique". N’en jetez plus.

  • Autre pomme de discorde : l’extension de Roland-Garros

Mais la circulation alternée n’est pas la seule pomme de discorde entre les deux figures socialistes. Anne Hidalgo et Ségolène Royal se sont aussi écharpées sur l’extension de Roland-Garros sur les terres des Serres d’Auteuil, à laquelle la maire de Paris est favorable quand la ministre de l’Ecologie s’y oppose. Longtemps, cette dernière a mis des bâtons dans les roues au projet, avant que Manuel Valls ne prenne le dossier en main et tranche en faveur de sa contradictrice. "Elle m’a plutôt compliqué la vie", avait reconnu Anne Hidalgo sur RTL au début du mois de juin.


Anne Hidalgo sur Roland Garros : Ségolène Royal "m'a compliqué la vie"
  • Dernière polémique en date : Air France

La dernière polémique entre les deux femmes date du conflit à Air France et plus précisément de l’interpellation à la mi-octobre, au petit matin, de salariés de la compagnie accusés de violence. "Ça m'a choquée de voir des policiers débarquer à 6 heures du matin pour aller arrêter des syndicalistes. Je pense qu'ils auraient pu être convoqués et que, sans doute, ils se seraient déplacés à leur convocation", a réagi la maire de Paris. "On en rajoute dans une escalade qui n’est pas bonne."


"Ca m'a choquée de voir des policiers débarquer à 6h du matin pour aller arrêter des syndicalistes"

Réaction là aussi glaciale de Ségolène Royal : "Ça ne sert à rien de jeter de l’huile sur le feu", s’est agacée la ministre de l’Ecologie sur RMC. "Tous les commentaires schématiques de la part de personnes qui ne sont pas impliquées dans ce conflit ne facilitent pas la situation."

  • 2006, le conflit originel

L’hostilité entre les deux femmes prend en fait sa source au printemps 2006. A la fin du mois d’avril, alors que Ségolène Royal a le vent en poupe et est mieux placée que jamais pour être la candidate socialiste à la présidentielle de 2007, 143 femmes du Parti socialiste font entendre leurs voix pour exprimer notamment leur "ras-le-bol" vis-à-vis de la "pipolisation" dont bénéficie la candidate à la candidature. Parmi ces 143 rebelles", une certaine Anne Hidalgo, alors première adjointe à la mairie de Paris. "Tout est concentré sur des personnes", dénonçait-elle à l’époque. "Je ne suis pas entrée dans la vie politique pour la pipolisation et les engagements médiatiques". Neuf ans plus tard, Ségolène Royal n’en finit plus de prouver qu’elle a bonne mémoire.