"C'est le discours le plus important du quinquennat", avait prévenu un conseiller de François Hollande. Le chef de l'Etat a rendu hommage, mercredi, à Germaine Tillon, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay, quatre héros de la Résistance qu'il a choisi de faire entrer au Panthéon. Un discours très politique d'une quarantaine de minutes, dans lequel François Hollande n'a cessé de mêler passé et présent, soulignant sans cesse les défis de la France d'aujourd'hui, en écho aux parcours des quatre nouveaux panthéonisés.
"La France a rendez-vous avec le meilleur d'elle-même". Le ton était donné dès la première phrase. "Aujourd'hui, la France a rendez-vous avec le meilleur d'elle-même", a lancé le président de la République. Une manière d'ériger en modèles ces personnalités "données en exemple à la France toute entière pour inspirer les générations nouvelles", selon lui.
Les parcours de ces résistants sont "quatre histoires qui donnent chair et visage à la République et en rappellent les valeurs", a souligné François Hollande. "Face à l’humiliation, face à l’Occupation, face à la soumission, ils ont apporté la même réponse : ils ont dit non, tout de suite, fermement, calmement".
"70 ans plus tard, ces haines reviennent". Cet "esprit de résistance" doit perdurer aujourd'hui, a exhorté le chef de l'Etat, qui a multiplié les mises en garde. Rappelant le climat des années 1930 et "les haines dont Vichy s'était emparée", il a averti, dans une référence aux attentats de janvier : "70 ans plus tard, ces haines reviennent. Avec d'autres figures, dans d'autres circonstances, mais avec toujours les mêmes mots. Elles frappent des journalistes, des juifs, des policiers, toujours des innocents". Et "c'est pour conjurer cette résurgence funeste que les Français se sont levés le 11 janvier", a-t-il martelé.
Autre danger pointé par François Hollande : "l'indifférence", qui constitue selon lui "l'ennemi contemporain". "Face à l'indifférence, chaque génération a un devoir de vigilance et de résistance. Et chaque individu a le choix d'agir", a-t-il affirmé.
Plaidoyer pour les réformes. Dans la bouche de François Hollande, l'éloge des quatre résistants s'est souvent transformé en défense de sa propre politique. Ainsi n'a-t-il pas manqué de souligner que Jean Zay, lorsqu'il était ministre de l'Education nationale, avait introduit "les enseignements interdisciplinaires" à l'école, dans une référence claire à la réforme du collège qui fait polémique. De même, rappelant les demandes de Pierre Brossolette "d'une République moderne", il a rappelé sa volonté d'un "Etat plus simple" et "modernisé".
La fin du discours a été plus lyrique. "Prenez place", a lancé François Hollande aux quatre héros du jour. "Vous êtes accompagnés par un long cortège de jeunes qui vibrent à l’idée de prendre la relève de la France combattante". La référence au "terrible cortège" salué par André Malraux, dans son célèbre discours de panthéonisation de Jean Moulin en 1963, était limpide. L'avenir dira si le discours de François Hollande restera, lui aussi, dans les annales.
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