François Hollande a défendu son bilan pendant plus de deux heures jeudi soir à la Maison de la Chimie, disant sa "fierté" d'avoir présidé "humainement" et fustigeant une nouvelle fois l'"irresponsabilité" des frondeurs. "Si je revendique avec fierté ce que j'ai fait, même si je reconnais aussi des erreurs, la fierté la plus grande, c'est quand on me dit que j'ai présidé humainement", a déclaré l'ancien président de la République, s'exprimant devant environ 450 personnes à l'invitation de la Fondation Jean-Jaurès.
Pas d'allusion explicite à Emmanuel Macron. Car "le plus difficile dans l'exercice de la fonction présidentielle, c'est de ne pas s'isoler ou s'éloigner et de se mettre tellement haut que plus personne ne vous voit", a-t-il poursuivi. Allusion au pouvoir "jupitérien" d'Emmanuel Macron ? Le chef de l'Etat ne s'est pas montré plus explicite, évoquant d'ailleurs à peine, au cours de ces deux heures, la politique de son successeur, qu'il a beaucoup critiqué dans ses récentes interviews.
Emmanuel Macron, "un candidat venu de nulle part". Tout au plus a-t-il souligné que la loi El Khomri avait été "détricotée", "parce que pour qu'il y ait négociation dans les entreprises, il faut qu'il y ait des syndicats"; et fustigé la "facilité qui a été de s'en prendre au système". "Qu'est-ce c'est que le système, si ce n'est des partis politiques, un Parlement, des élus, des syndicats, des corps intermédiaires, et le suffrage universel pour les porter ?", s'est-il demandé, quelques minutes après avoir parlé de Emmanuel Macron comme d'un "candidat venu de nulle part". "Les nouveaux partis ne peuvent pas être seulement des partis internet !", a-t-il lancé un peu plus tard.
Les frondeurs ont un "principe d'irresponsabilité". Égrenant les crises qui ont émaillé son quinquennat, l'ancien chef de l'Etat a affirmé que ce qui avait été "le plus difficile" à affronter, "le plus insupportable même", n'avait été ni la crise économique, ni le terrorisme ou les crises internationales, mais "les comportements humains, le manque d'esprit de solidarité (...) l'individualisme des comportements".
" L'avenir d'un parti, c'est sa clarté, sa cohérence et son unité "
Interrogé sur les frondeurs, l'ancien chef de l'Etat s'est montré plus direct. "J'ai pensé qu'il y aurait un principe de responsabilité qui finirait par les saisir. Alors qu'en fait c'est un principe d'irresponsabilité qui n'a cessé de les tourmenter", a-t-il tancé.
La division de sa majorité remonte à 2005. Il a toutefois reconnu une part de responsabilité dans la division de sa majorité, la faisant remonter à 2005 et au maintien dans le parti de ceux qui avaient défendu le "non" au référendum sur la constitution européenne, malgré la position en faveur du "oui" du parti. "L'avenir d'un parti, c'est sa clarté et sa cohérence et son unité. Mais pas une unité où on rassemble tout le monde pour ne rien penser, pour ne rien dire. Une unité où c'est l'ensemble qui sait où il va et où il saura être cohérent", a-t-il souligné, comme pour dispenser un conseil au premier secrétaire actuel, Olivier Faure.
Mélenchon souhaite "la disparition de la gauche de gouvernement". François Hollande a aussi battu en brèche le souhait de l'aile gauche du parti de se rapprocher de Jean-Luc Mélenchon, "qui ne veut pas l'union" de la gauche mais la "disparition de la gauche de gouvernement". "Il est rare que la boule aille vers son destin qui est qu'on lui coupe la tête", a-t-il ironisé. La "lutte contre les inégalités", l'écologie, la place des territoires, la "construction d'un pacte national", c'est "sur ces bases-là qu'il peut y avoir un retour de la social-démocratie", a-t-il estimé.