Il ne parle pratiquement jamais, mais quand il le fait, cela vaut la peine de tendre l'oreille. Gaspard Gantzer, responsable de la communication de François Hollande lors des trois dernières années de son mandat, s'est confié sur les temps forts du quinquennat jusqu'à la passation de pouvoir en passant par sa relation avec Emmanuel Macron qu'il connait "depuis longtemps".
"Il y avait une forme de tristesse" chez François Hollande dimanche. Gaspard Gantzer a senti de la tristesse chez François Hollande, dimanche, lors de la passation de pouvoir avec son successeur, Emmanuel Macron. "Ce n’est pas quelqu’un qui s’épanche, qui pleure devant nous, mais il y avait une forme de tristesse, peut-être de nostalgie. Mais il était déjà en train de plaisanter sur les anecdotes de la journée, déjà en train de se projeter vers l’avenir. Et je sais qu’il a plein d’autres projets", a-t-il raconté sur Europe 1.
François Hollande a "apprécié" la journée. Malgré cette tristesse évoquée par Gaspard Gantzer, François Hollande "a vraiment apprécié la façon dont le président Macron s'est comporté tout au long de la journée, de façon digne et respectueuse" : "Son sentiment était que la journée s'était passée de façon extrêmement digne, solennelle, mais aussi chaleureuse. Il avait à cœur de montrer qu'Emmanuel Macron était bienvenu à l'Elysée, qu'il n'y avait aucun problème dans cette transmission."
Aucune animosité entre les deux hommes donc, malgré la démission d'Emmanuel Macron du gouvernement de François Hollande, moins d'un an plus tôt. Macron a-t-il trahi Hollande ? "Trahi, non ! Il ne lui a pas fait du bien, ça c'est certain. C'était son ministre de l'Economie, il avait besoin de lui", raconte Gaspard Gantzer, qui explique que les deux hommes ont eu l'occasion de s'expliquer depuis : "Ils se sont eus au téléphone, ils ont eu l'occasion de se croiser tout au long de la semaine. Ça, c'est déjà derrière nous."
"J'ai vécu des épreuves absolument terribles avec lui." Et le départ d'Emmanuel Macron, est loin d'être le moment le plus difficile du quinquennat de François Hollande, marqué par une vague d'attentats. "J'ai vécu des épreuves absolument terribles avec lui, à ses côtés, dans mon humble rôle. Je parle notamment des attentats", raconte Gaspard Gantzer.
Un mandat marqué également par les problèmes personnels du chef de l'Etat. L'ancien responsable de la communication de François Hollande se souvient notamment de la sortie du livre à charges de Valérie Trierweiler, l'ex-compagne de ce dernier, intitulé Merci pour ce moment : "Il nous a fallu quelques heures pour bien comprendre le film. Après on a fait ce qu'on a pu pour juguler le flux d'informations, de demandes, qui arrivaient."
Hollande "est resté de marbre" lors de la sortie du livre de Trierweiler. Quelle a été la réaction du principal intéressé à ce moment-là ? "Il est resté de marbre, assure Gantzer. Comme il devait être touché, il était vraiment dans le contrôle. Plus les épreuves sont douloureuses, dures, plus on cherche à se blinder parce qu'on sait qu'on va être touché. Quelque part, on met une armure dans ce genre de moment-là."
La sortie d'un autre livre, Un président ne devrait pas dire ça, a également provoqué d'importants remous. Il s'agit d'un ouvrage de deux journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, issu de confidences de François Hollande pendant son mandat. "Je trouvais que c'était une bonne chose parce que je crois que c'est bien d'expliquer ce que l'on fait. Je pensais et je le pense toujours parce que ce livre mérite d'être lu", confie Gaspard Gantzer.
"Le titre aurait dû être 'Un président a bien raison de dire ça'." Il ajoute : "Quand on le lit, il vaut beaucoup mieux que la caricature de ce qui en a été fait. On y voit un président qui prend des décisions difficiles, qui pèse le pour, le contre, sur chacun des points. (...) On s'est souvent dit que le titre du livre ne correspondait pas à son contenu. Je crois que le titre aurait du être 'Un président a bien raison de dire ça'."
Si Manuel Valls s'était montré très critique envers François Hollande au moment de la sortie de ce livre, Gaspard Gantzer, lui, ne peut dire que du positif de "quelqu'un qu'on ne peut pas détester" : "Quand on travaille avec lui, il est tellement sympathique, intelligent et surtout courageux, qu’on n’a pas envie d’être contre lui."
Pas de législatives pour Gantzer. Après ces années éprouvantes, François Hollande, comme Gaspard Gantzer, vont désormais pouvoir s'offrir des vacances bien méritées. Il n'y aura donc pas d'investiture aux élections législatives pour le second, même si son nom a été cité par La République en marche! comme candidat en Ille-et-Vilaine : "Emmanuel Macron, que je connais depuis très longtemps, m'a fait cette proposition à la dernière minute. Ça m'a beaucoup honoré, j'ai pris 24 heures pour réfléchir puis j'ai refusé parce que ce n'était vraiment pas la bonne idée."
Et les raisons de son refus sont frappées du sceau du bon sens. Je me suis rendu compte tout de suite que ce n'était pas du tout un bon plan. "Je suis Parisien. Si un jour je dois faire de la politique, c'est à Paris et pas en Bretagne où je n'ai pas d'attaches, ni grand-mère, ni grand-père, ni arrière grand-père" clame-t-il. Que ce soit en Bretagne ou ailleurs, Gaspard Gantzer ne se présentera pas aux élections législatives. Son avenir s'écrit donc désormais "bien loin de la politique, dans le secteur privé".