Hollande sort de sa réserve pour fustiger la "mode Mélenchon"

© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
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Le président de la République s’inquiète mercredi dans Le Monde d’un éventuel second tour entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Et prévoit de se faire moins discret dans les jours à venir. 

François Hollande avait décidé de s’exprimer le moins possible sur la campagne présidentielle avant le premier tour. Mais la tournure que prend l’élection lui déplaît tant que le président de la République a décidé de ne plus respecter ce devoir de réserve auto-imposé. "Cette campagne sent mauvais", déplore en privé le chef de l’Etat, révèle mercredi Le Monde. Car François Hollande craint désormais un second tout entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen.

"On regarde le spectacle du tribun plutôt que le contenu". Alors le président de la République a décidé de cibler le candidat de La France insoumise et de tenter d’enrayer ce que lui-même appelle la "mode Mélenchon". Cette mode qui a fait faire un bond spectaculaire à l’ancien sénateur socialiste dans les intentions de vote, jusqu’à le voir disputer la troisième place à François Fillon, et à rêver du second tour.

"Il y a un péril face aux simplifications, face aux falsifications, qui fait que l’on regarde le spectacle du tribun plutôt que le contenu de son texte", juge-t-il dans une interview à paraître dans Le Point du 13 avril. Il ne le nomme pas, mais c’est bien Jean-Luc Mélenchon, réputé pour sa capacité à transcender les foules, et vainqueur des deux débats télévisés, qui est visé.

Une interview à Konbini. Outre cette interview au Point, François Hollande a également accordé au Monde un entretien portant sur la Syrie. Et la semaine prochaine, la dernière avant le premier tour, il accordera une interview au site de divertissement Konbini, à destination de la jeunesse. Dans laquelle il pourrait mettre une fois de plus en garde contre les extrêmes.

"Audacieux" Macron. Pour autant, François Hollande n’apporte un soutien officiel à aucun des candidats. Ni à Benoît Hamon, dont il a, selon Le Monde, accepté la défaite probable, ni à Emmanuel Macron. Même s’il ne condamne pas son ancien ministre de l’Economie. "Je considère que la politique a besoin de renouvellement", explique ainsi dans Le Point le chef de l’Etat, qui admet même avoir trouvé le pari d’Emmanuel Macron "pour le moins audacieux".

La primaire, "totalement antinomique de la fonction présidentielle". "Il ne doit plus y avoir de primaires dans des partis de gouvernement", estime par ailleurs le vainqueur de la primaire de 2011 du Parti socialiste auprès du Point. "Sinon, il n'y aura bientôt plus de parti de gouvernement dans ce pays. Ils sont devenus fragiles et doivent retrouver une légitimité par eux-mêmes, pas en choisissant leurs candidats à vau-l'eau, comme aurait dit le général de Gaulle". Le président, qui a renoncé à briguer un second mandat le 1er décembre, juge en outre qu'une primaire "est totalement antinomique de la fonction présidentielle".