La polémique enfle. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) s'est dit "choqué" mercredi par les propos du président Emmanuel Macron qui a jugé "légitime" de rendre hommage samedi aux Invalides à Philippe Pétain, "grand soldat" pendant la Première Guerre mondiale.
Indignité nationale. "La seule chose que nous retiendrons de Pétain, c'est qu'il a été, au nom du Peuple français, frappé d'indignité nationale lors de son procès en juillet 45", a déclaré le président du Crif, Francis Kalifat, cité dans un communiqué.
Sans "nier qu'il a été 'aussi un grand soldat' durant la guerre de 1914-1918", le Crif rappelle que Philippe Pétain "a été jugé par la Haute Cour de justice en juillet 1945 pour intelligence avec l'ennemi et haute trahison", "condamné à la peine de mort et frappé d'indignité nationale". "La dégradation nationale fait partie des peines afflictives et infamantes qui entraîne notamment la perte de certains droits dont la perte du rang dans les forces armées", souligne le Crif.
En déplacement mercredi dans les Ardennes, Emmanuel Macron a jugé "légitime" de rendre hommage au maréchal Pétain samedi aux Invalides, au même titre que les sept autres maréchaux de la Grande guerre, soulignant que le dirigeant du régime de Vichy avait été "pendant la Première Guerre mondiale un grand soldat" même s'il a "conduit des choix funestes" pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Regarder "l'histoire en face". Le général Pétain avait été promu maréchal en 1918, après l'armistice. "Il a été un grand soldat, c'est une réalité. La vie politique comme l'humaine nature sont parfois plus complexes que ce qu'on voudrait croire". "J'ai toujours regardé l'histoire de notre pays en face", a-t-il lancé. Face aux critiques, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a dénoncé une "mauvaise polémique". "Il ne faut pas faire de raccourcis douteux. Pétain a servi la patrie en 14 et l'a trahie en 40", a-t-il estimé lors d'un point presse.