Pour Hubert Védrine, la France doit tenter de revenir dans la partie dans le règlement du dossier syrien. "Il faudrait qu'il y ait la coalition la plus large possible pour trouver cette issue, donc aussi avec la France", a plaidé l'ancien ministre des Affaires étrangères, invité de Jean-Pierre Elkabbach, lundi sur Europe 1. "Le moment est peut-être venu pour la France de convertir son intransigeance morale qu'on peut comprendre, notamment sur la question d'Assad, en une force diplomatique, en un levier", a-t-il estimé, ajoutant : "il ne faut pas figer les positions".
Hubert Védrine n'est pas étonné par les raids décidés par Vladimir Poutine sur le territoire syrien. "Ce réengagement fort en Syrie n'est pas une surprise, parce que c'était évident qu'il ne laisserait pas tomber le régime de Damas", a-t-il estimé. Pour lui, "il faut essayer de faire du judo avec la Russie plutôt que du frontal". "Dans ce que dit et fait Poutine sur la Syrie, je pense que ce n'est qu'une étape, et qu'après l'engagement militaire il y aura une phase de négociations, donc il faut saisir cette occasion", a-t-il ajouté.
Le Moyen-Orient "se désagrège". "L'engagement présente des risques pour eux, ils n'ont pas toutes les clés en main", a poursuivi Hubert Védrine. "Personne n'a toutes les clés dans ce Moyen-Orient qui se désagrège. C'est ce que qui a été organisé après la Première Guerre mondiale qui est en train de se désagréger sous nos yeux".
Hubert Védrine a fustigé l'"arrogance" des Occidentaux dans le nouveau jeu diplomatique mondial. "Les Occidentaux se sont dit : on a gagné, après la fin de l'Union soviétique", a-t-il pointé. "L'Occident prend des râteaux dans le nez un peu partout parce qu'on est obligés de discuter, même si ça ne nous plaît pas".
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