Confronté à un tollé des écologistes et à l'embarras de sa majorité, le Premier ministre Édouard Philippe est monté au créneau vendredi pour réclamer un second vote de l'Assemblée, qui la veille avait adopté un amendement au budget favorisant fiscalement l'huile de palme. La commission des Finances de l'Assemblée a validé la demande identique du rapporteur général Joël Giraud (LREM) d'une deuxième délibération. Elle aura lieu à la fin des débats sur le projet de loi de finances pour 2020 vendredi soir et, selon plusieurs députés de la majorité, la mesure litigieuse devrait ainsi être supprimée. Ce réexamen "permettra aux parlementaires de nourrir un débat à la hauteur de l'enjeu", a justifié l'entourage du chef du gouvernement.
"L'amendement est passé en deux secondes"
L'Assemblée nationale avait voté jeudi le report à 2026 de l'exclusion de l'huile de palme de la liste des biocarburants, qui bénéficient d'un avantage fiscal. Cette mesure était favorable au groupe pétrolier Total pour sa nouvelle bioraffinerie de La Mède, près de Marseille, mais a suscité l'indignation des associations écologistes.
Les députés avaient pourtant adopté l'an dernier la sortie de l'huile de palme des biocarburants à compter du 1er janvier 2020. Mais, jeudi, "l'amendement est passé en deux secondes" avec "avis défavorable du rapporteur général, favorable du gouvernement, sans aucun débat !" "C'est une erreur à rattraper en deuxième lecture", estime la "marcheuse" Bénédicte Peyrol sur Twitter.
La majorité a voté en gde partie contre cet amendement passé en 2 sec sans aucun débat dans l’hémicycle.Un amendement non argumenté, avec des avis du RG et du gouvernement donnés sans explications. Après +de 3 semaines de débat non stop, c est une erreur à rattraper en 2è lecture https://t.co/TITw4kkOut
— Bénédicte Peyrol (@B_Peyrol) 14 novembre 2019
"Beaucoup ne savaient même pas de quoi il était question", assure une autre députée LREM. "On s'est fait niquer ! (…) Si le groupe me le demande, je réclamerai une deuxième délibération", réagissait auprès de l'AFP Joël Giraud dans la nuit de jeudi à vendredi.
L'embarras de la majorité
La raffinerie de La Mède, l'une des plus grandes d'Europe, a démarré début juillet, employant directement 250 personnes. Selon Total, elle doit traiter 650.000 tonnes d'huiles et graisses par an et s'approvisionner en huile de palme "durable et certifiée" à hauteur de 300.000 tonnes au maximum.