Sainte-Féréole, entre Brive et Tulle. C'est là, au cœur de la Corrèze, que s'établit le berceau de la famille Chirac. Les parents de Jacques y sont enterrés et, avant de devenir le cinquième président de la Ve République, lui même y a passé des étés enchantés avec Louis Jaubert, dit "Loulou". Au micro d'Europe 1, samedi, l'ancien boucher de 94 ans raconte sa relation d'amitié avec l'ancien chef de l'État, mort jeudi, qui ne s'est jamais rompue. "C'est un copain qui s'en va", confie-t-il.
#E1#Chirac#Corrèze à 7h45 => le témoignage et les anecdotes de « Loulou » Jaubert, le copain de Jacques Chirac, à St Féréole. Les souvenirs de jeunesse, mais aussi les premiers pas en politique: « j’allais le chercher à la gare de Brive pour faire campagne » @Europe1pic.twitter.com/kgUUxqUKDP
— Stéphane Place (@StephanePlace) September 28, 2019
L'histoire entre Jacques Chirac et Louis Jaubert, c'est d'abord ces étés des années 1940 passés à faire "les 400 coups", se souvient "Loulou" : "On était voisins, il venait aux vacances, on allait pêcher les écrevisses, on tapait sur les portes sur la place. Il aimait la rigolade et ne prenait pas tout au sérieux."
Chirac racontait "tout un tas de trucs de Paris"
"Après souper, il veillait tard, il me racontait tout un tas de trucs de Paris", poursuit l'homme au micro de notre journaliste. Car si Louis Jaubert a toujours vécu en Corrèze, Jacques Chirac est né à Paris et y déménage à l'adolescence après avoir été scolarisé à Sainte-Féréole, de 1940 à 1943. "Il ne dormait pas beaucoup parce qu'il prenait un livre, il se renseignait sur tout. Le matin, il allait ferrer les roues avec un charron."
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Les deux grandissent séparément et se rapprochent de nouveau lorsque Jacques Chirac se présente aux élections municipales de Sainte-Féréole, en 1965. Jacques Chirac a 33 ans, "Loulou" 30 ans, et une voiture. "Quand il s'est présenté aux élections, j'allais le chercher à la gare à Brive", se souvient-il. "Il y avait plus de monde sur la place qu'aujourd'hui."
" Il n'était jamais rassasié, il goûtait les rillettes, les pâtés. Il aimait la bonne viande "
Jacques Chirac devient alors conseiller municipal de la commune et n'oubliera pas Sainte-Féréole. "Toutes les fois où il pouvait passer, il venait me voir. Il me racontait la vie à Paris, quand il était président." Le chef de l'État enverra notamment à son boucher et ami une carte postale des abattoirs de Chicago, en indiquant que "c'était autre chose qu'à Sainte-Feréole". Car Jacques Chirac pouvait comparer : "Il venait me voir quand je tuais les bêtes, quand je faisais de la charcuterie. On voyait que ça l'intéressait, il n'était jamais rassasié, il goûtait les rillettes, les pâtés. Il aimait la bonne viande", se rappelle avec émotion Louis Jaubert.
Balai présidentiel à Sainte-Féréole
Aujourd'hui, "Loulou" conserve le souvenir d'un ami qui "a fait son chemin", dit-il dans un mélange d'euphémisme et de fierté. "Un gars de Sainte-Feréole président de la République, ce n'est pas tous les jours qu'on voit ça ! Un jour, quand il était président, alors qu'il venait de Tulle pour les vœux du 1er janvier et qu'il allait prendre l'avion à Brive, il est passé par Sainte-Feréole. J'étais en train de réparer un rideau et j'ai vu arriver un tas de voitures qui tournaient sur la place. C'était Jacques Chirac qui venait me dire bonjour." Et entre les deux, point de protocole : "Je l'ai toujours tutoyé."