INFO EUROPE 1 : Le décret anti-pesticides provoque un bras de fer au gouvernement

Le gouvernement veut fixer une distance minimale réglementaire entre les zones d’épandage et les habitations. Photo d'illustration. © REMY GABALDA / AFP
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David Doukhan, édité par Antoine Terrel

Alors que l'exécutif travaille sur un décret pour établir une distance minimale réglementaire entre les zones d'épandage et les habitations, cette question divise au sein même du gouvernement, et fait l'objet de rudes discussions entre le ministère de la Transition écologique et celui de l'Agriculture.

C’est un bras de fer qui s'engage au sein même de l'exécutif. Alors que le juge des référés du tribunal administratif de Rennes a suspendu le 27 août l'arrêté anti-pesticides du maire de Langouët, estimant que Daniel Cueff était incompétent pour "réglementer l'utilisation des produits phytopharmaceutiques sur le territoire de sa commune", la secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire Emmanuelle Wargon a assuré jeudi sur Europe 1 que le gouvernement allait traiter le sujet "nationalement", et bientôt publier un décret pour établir une distance minimale réglementaire entre les zones d'épandage et les habitations.

Mais, selon les informations d'Europe 1, ce texte fait l'objet d'un rude combat entre le ministère de la Transition écologique et celui de l'Agriculture.

La question sera tranchée au plus haut sommet de l'État

L'arrêté du maire de Langouët interdisait l'utilisation de produits phytopharmaceutiques "à une distance inférieure à 150 mètres de toute parcelle cadastrale comprenant un bâtiment à usage d'habitation ou professionnel". Au gouvernement, cette question de la distance fait donc actuellement l'objet d’âpres discussions entre les équipes de Didier Guillaume et d’Elisabeth Borne. Du côté du ministère de la Transition écologique, on avance timidement une distance de 100 mètres autour des habitations. Mais au ministère de l’Agriculture, on s’esclaffe. "Nous, on est plutôt entre 3 et 5 mètres grand maximum", confie à Europe 1 un conseiller qui participe aux négociations.

Une position de compromis est encore loin, mais il faudra pourtant la trouver rapidement. Car le décret doit être soumis à une consultation citoyenne avant d’être publié au plus tard le 1er janvier prochain. Reste que le sujet est explosif. D’un côté, les agriculteurs qui craignent un impact économique majeur, de l’autre la santé des Français. Conscient de la complexité du dossier, les cabinets du Premier ministre et du président de la République exigent d’être tenus au courant à chaque étape des discussions. C'est donc au sommet de l'État, que la question finira par être tranchée.