L'Etat a-t-il été à la hauteur ? A-t-il anticipé et pris la mesure des événements aux Antilles ? La population sinistrée de Saint-Martin ne décolère pas alors qu'elle attend encore par endroits des secours, et accuse l'État de défaillances dans sa gestion du passage de l'ouragan Irma. Emmanuel Macron est attendu sur l'île mardi matin.
Un sentiment d'abandon. "Il y a une déception ici, parce que l'on s'est senti abandonné pendant longtemps. Gendarmes et militaires n'étaient pas présents", déplore un habitant de Saint-Martin auprès d'Europe 1. "Je ne sais pas si le fait de venir, ça va vraiment aider à quelque chose. C'est après la bagarre. Pour moi, c'est un coup politique."
Un sentiment partagé par beaucoup d'autres sinistrés pour qui le président de la République est loin d'être le bienvenu sur leur île. "Ça n'est pas le moment de venir pour se lamenter sur la misère des gens et prendre des photos avec les malheureux", abonde un homme croisé dans la rue, quand une femme renchérit : "Macron vient, pour quoi faire ? Pour les prochaines élections ? Moi, Macron, je m'en fous, je n'en veux pas ! S'il pense à nous qu'il nous envoie de l'argent, à manger et à boire, et des forces de l'ordre". Une autre Saint-Martinoise se veut plus nuancée néanmoins : "S'il vient, il verra de ses propres yeux ce qui s'est passé […], mais ce n'est pas Dieu, il va faire ce qu'il peut".
Une communication ajustée. Le ciel s'est éclaircit, mais c'est désormais le vent de la polémique qui enfle et que l'exécutif veut apaiser à quelques heures de l'arrivée du chef de l'Etat. Cela passe par une communication en temps réel des moyens déployés. Depuis son retour de Grèce, Emmanuel Macron a convoqué chaque soir un point de situation à l'Elysée, suivi à chaque fois d'un point presse, tenu par le Premier ministre ou le ministre de l'Intérieur, et où reviennent les deux mêmes mots : solidarité et mobilisation.
Quant au déplacement du président, l'Elysée a pris soin de préciser que l'avion présidentiel sera chargé de matériel, de biens de première nécessité mais aussi d'experts pour lancer la reconstruction.
Les critiques de l'opposition. Enfin, face aux critiques politiques de Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon ou encore d'Éric Ciotti, qui ont dénoncé ces derniers jours la gestion de la crise, le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, est monté au créneau dimanche dans le Grand Rendez-vous d'Europe 1/Les Echos/CNews, demandant à ne pas prêter attention aux commentaires de ceux "qui n'ont jamais rien fait".