IVG dans la Constitution : poing levé, des militantes féministes explosent de joie au Sénat

IVG
© MICHEL STOUPAK / NURPHOTO / NURPHOTO VIA AFP
  • Copié
avec AFP / Crédit photo : MICHEL STOUPAK / NURPHOTO / NURPHOTO VIA AFP
L'inscription de l'IVG dans la Constitution a franchi mercredi son étape la plus délicate au Parlement avec le vote largement favorable du Sénat, évacuant les derniers doutes entourant l'adoption définitive de cette réforme historique lors d'un Congrès à Versailles convoqué dès lundi. Une victoire pour les militantes féministes.

"On l'a fait, on a réussi !" : des militantes féministes crient leur joie mercredi soir au Sénat après le vote favorable à l'inscription de l'IVG dans la Constitution, loin de l'image feutrée associée habituellement à la chambre haute. A peine le résultat annoncé par Gérard Larcher, c'est d'abord une clameur puis des embrassades parmi les militantes associatives dans les escaliers du Palais du Luxembourg. "Tu as pleuré toi aussi ?", dit l'une d'elles. "C'était difficile de ne pas laisser exploser sa joie", confie Floriane Volt, de la Fondation des femmes, en quittant la tribune réservée aux visiteurs. "On a assisté à un vote historique. Le Sénat a su entendre l'appel des Françaises et des Français", se réjouit-elle.

Une vingtaine de militantes de la Fondation sont présentes dans les travées. "Stagiaires", "services civiques" ou simples sympathisantes, sourit l'une d'entre elles. Toutes redoutaient le vote du Sénat, l'étape la plus difficile avant la réunion du Parlement lundi en Congrès pour inscrire pour de bon la liberté d'avorter dans la Constitution. Plusieurs figures du Sénat, des hommes de droite comme Gérard Larcher ou Bruno Retailleau, avaient exprimé leurs réticences.

Confiantes avant Versailles

Mais dans la salle des Conférences aux épaisses moquettes rouges, l'heure est aux selfies, le poing levé en signe de victoire. "C'est un message magnifique qu'on envoie au monde entier au moment où les réactionnaires gagnent du terrain", confie la sénatrice écologiste Mélanie Vogel, après avoir elle aussi laissé échapper quelques larmes et enchaîné les accolades. Le résultat du vote, 267 voix contre 50, est "au-delà de nos espérances". En France, "on a remporté la bataille culturelle sur ce sujet, il est devenu de plus en plus difficile pour des élus de voter pour détricoter le droit à l'interruption volontaire de grossesse", juge l'écologiste, costume blanc et baskets.

"C'est même étonnant de voir une victoire aussi écrasante, c'est une indication de l'évolution de la société et des idées en faveur de la protection du droit des femmes", abonde Gabriela Belaid d'Ensemble contre le sexisme, un collectif d'associations. Nouvelles acclamations et embrassades, cette fois autour de la socialiste Laurence Rossignol. "C'est une victoire de toutes les Françaises et de tous les Français. Les sondages ont été un argument massue" face aux réserves de la droite, lance la sénatrice du Val-de-Marne.

A ses yeux, malgré quelques passes d'armes avec l'extrême droite, les "débats ont été de bonne tenue" par rapport aux passions qu'avait déchaînées la loi Veil en 1975. "Notre pays a quand même beaucoup progressé", souligne-t-elle. Alice, une militante féministe, a trouvé "très impressionnante" la séance. "Il y avait un vrai stress", raconte-t-elle. Pendant ce temps, d'autres militantes étaient à l'extérieur, pour manifester en faveur du projet de loi. Le rendez-vous est pris lundi. "Sereines" et "confiantes" avant le vote du Congrès à Versailles, ces féministes comptent bien s'y faire entendre, et fêter un "jour historique".