L'ancien président Jacques Chirac est à l’hôpital depuis dimanche matin. Il "a été hospitalisé à la Pitié-Salpêtrière pour le traitement d'une infection pulmonaire", a indiqué l'époux de sa fille Claude, Frédéric Salat-Baroux. Pour l’éditorialiste politique d’Europe 1, Catherine Nay, la santé de l’ancien locataire de l’Elysée est vraiment "préoccupante".
Rapatrié en urgence du Maroc. Habitué de longue date des séjours au Maroc, Jacques Chirac y a séjourné plusieurs semaines cet été. "Il a été rapatrié en urgence samedi soir", raconte Catherine Nay. "Quand la famille dit ‘il est rentré un jour plus tôt’, ça veut bien dire qu’il y avait urgence. On ne l’a pas vu en public depuis deux ans et ses dernières apparitions révélaient déjà une dégradation physique assez tragique".
"Ses médecins lui avaient déconseillé de partir". Il a été opéré du rein en décembre dernier. "Depuis, on sait qu’il ne marchait plus. Sa mémoire est devenue très intermittente, son élocution entravée. Ses médecins lui avaient déconseillé de partir à Agadir mais Bernadette y tenait beaucoup. Il faut dire qu’ils étaient les invités du roi, dans des conditions de confort et de soin exceptionnels". Mais ce confort n’a pas suffi, Jacques Chirac a été obligé de rentrer.
"Revenir à la vie normale est un choc". Victime d'un accident vasculaire cérébral en 2005, il a été hospitalisé à plusieurs reprises. "Sa santé a commencé à se dégrader à ce moment-là", se souvient Catherine Nay, qui a longtemps côtoyé l’ancien président. "Jusqu’en 2007, il montrait tout de même une belle allure. Ses ministres avaient noté un affaiblissement, une surdité, la vision n’était plus ce qu’elle était. Mais quitter le pouvoir après quarante années de vie politique, laisser la place à Nicolas Sarkozy, se retrouver dans un huis clos familial lourd, avec une fille malade, avec Bernadette, n’a pas été si simple. Quand on a vécu pendant 30 ans dans les palais nationaux, revenir à la vie normale est un choc", estime l’éditorialiste politique d’Europe 1.
Trop dur de "rien avoir à faire". Cette nouvelle vie, Jacques Chirac n’a jamais réussi à s’y faire. "L’agenda vide, rien à faire", explique Catherine Nay. "Bon, il écrit ses mémoires, il y a la fondation, les fidèles qui sont toujours là mais quel intérêt… On devient un souverain en exil dans son pays. La solitude d’après pouvoir est intolérable pour les grands hommes politiques. Charles De Gaulle est mort un an après avoir quitté l’Elysée. François Mitterrand aussi. Voilà, on se laisse couler parce qu’il y a la mélancolie qui vous envahit", rappelle Catherine Nay.