Lors d'un déplacement dans un hôpital de l'Essonne, en région parisienne, le Premier ministre Jean Castex a reconnu que les soignants allaient "souffrir" face à la seconde vague de coronavirus qui s'abat sur la France.
"Vous allez souffrir, je le sais" : Jean Castex s'est rendu mardi en fin d'après-midi au Centre hospitalier Sud Francilien de Corbeil-Essonnes (Essonne), où le personnel soignant lui a fait part de sa fatigue et des difficultés pour trouver du renfort face à la deuxième vague de Covid-19.
"On assume"
"Vous allez souffrir, je le sais, c'est comme ça", a reconnu le Premier ministre en s'adressant aux soignants de cet hôpital situé à une trentaine de kilomètres au sud de Paris, en insistant sur la nécessité du confinement. "On assume. On essaie de prendre de bonnes décisions. Il y a longtemps que j'ai compris qu'en fermant des bars, c'est difficile d'être populaire. Mais l'objectif c'est de sauver un maximum de vies", a-t-il insisté.
Charlotte bleue sur la tête, le Premier ministre, accompagné du ministre de la Santé, Olivier Véran, s'est rendu aux urgences, dans les services de réanimation, puis a participé à une table-ronde pour échanger avec des aide-soignants, infirmiers, cadres de santé et administratifs, ainsi que des médecins. Cet établissement hospitalier, l'un des plus gros d'Ile-de-France hors APHP, avec 3.600 employés, et 1.194 lits et places, enregistrait au plus fort de la crise plus de 300 lits Covid. Mardi matin, il comptait 105 patients Covid, dont 25 en réanimation.
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Un mois de novembre "très difficile"
Le chef du gouvernement a réinsisté sur le fait que le mois de novembre serait "très difficile", et a souhaité "mieux témoigner à l'ensemble de la nation que la crise sanitaire est grave", en notant qu'il y avait en réanimation "des jeunes : l'un de 27 ans, l'autre de 35 ans". "On est sur un fil rouge quotidien, tous les jours on est à un infirmier près, une aide-soignante, on ferme deux lits parce qu'il manque un infirmier. C'est une corde rouge sur lequel on s'arque en permanence, et la crise ne fait qu'accentuer cela", lui a expliqué une soignante aux urgences.
"On n'est pas aussi nombreux"
Durant la première vague, "on a eu une fatigue physique, psychologique", "pour pleins de raisons", et notamment parce qu'il "y a eu beaucoup de peurs pour nous, pour nos familles", explique une autre. Pour la seconde vague, elle a le sentiment que la fatigue vient du fait "qu'on n'est pas aussi nombreux", qu'en mars-avril dernier. Une autre soignante est revenue sur la formation des réanimateurs: "Il faut 10 ans d'études" pour un médecin, "et un réanimateur, c'est encore trois ou quatre ans". "Quand je le dis on ne me croit pas", a remarqué Jean Castex. "En quatre mois, on peut former des médecins réanimateurs, on me dit ça tout le temps", a-t-il souligné.
Au terme de deux heures d'échanges, le chef du gouvernement a noté la nécessité de "renforts en personnel non strictement soignants sur des tâches logistiques et auxiliaires", afin d'alléger la tâche des soignants. Il a promis de "tirer les leçons" de cette crise pour renforcer les services hospitaliers à long terme.