Jean-Claude Gaudin a passé une semaine éprouvante, depuis l'effondrement de deux immeubles dans la rue d'Aubagne, à Marseille. Invité sur Europe 1 vendredi, l'emblématique maire de la cité phocéenne a alterné défense puis attaque, sur la gestion du drame qui a fait sept morts, mais aussi sur sa politique de l'habitat et sa façon de diriger la ville.
Une "politique d'éradication de l'habitat indigne commencée il y a longtemps". Accusé par certains de fermer les yeux sur les conditions de logement dans sa ville, Jean-Claude Gaudin a tenu à mettre les choses au point au micro de Pierre de Vilno. "Ce qui me contrarie, c'est de sembler dire que nous n'aurions pas fait l'effort nécessaire sur cette politique d'éradication de l'habitat indigne. Je l'ai commencée il y a longtemps, vous savez. Ce que je peux vous dire, c'est qu'on va transformer complètement des quartiers qui étaient dans l'insalubrité", a-t-il annoncé, insistant au passage sur les difficultés rencontrées pour faire avancer les choses.
"Dans la rue d'Aubagne, par exemple, le n°63, la ville a pu acquérir cet immeuble après dix ans de procédure. Nous avons dû lutter pour faire partir les gens qui étaient là et qui ne voulaient pas partir. Et c'est un cas qui n'est pas unique. La plupart de ces immeubles insalubres appartiennent à des privés", dénonce le maire de Marseille, en poste depuis 1995. "Chaque fois que nous sommes alertés, nous faisons les interventions nécessaires." Toujours sur la défensive, il consent : "Nous ne sommes pas plus vertueux que d'autres, nous n'avons peut-être pas encore tout fait, effectivement, dans l'éradication (de l'insalubrité) dans cette ville, mais nous le faisons au fur et à mesure. Et lorsque j'entends qu'on me reproche d'avoir fait évoluer la ville (dans le mauvais sens) depuis que je suis maire, alors là, les bras m'en tombent."
>> De 7h à 9h, c’est deux heures d’info avec Pierre de Vilno sur Europe 1. Retrouvez le replay ici
J'ai passé toute ma vie au service de cette ville. J'aurais pu avoir une carrière politique plus importante à Paris, je suis resté à Marseille
Jean-Claude Gaudin a également lancé un appel au gouvernement : celui de lui donner "des moyens financiers, mais également une réglementation qui doit évoluer pour faciliter et accélérer l'action publique", au risque selon lui de "laisser les marchands de sommeil faire exactement ce qu'ils veulent".
"Devant un pareil drame, il faut un bouc-émissaire". Mais surtout, Jean-Claude Gaudin digère mal les attaques dont il a été la cible cette semaine, et notamment les "Gaudin assassin" entendus lors des manifestations. "Ça me fait une peine extraordinaire, ça me touche personnellement. J'ai passé toute ma vie au service de cette ville. J'aurais pu avoir une carrière politique plus importante à Paris, je suis resté à Marseille, et les Marseillaises et les Marseillais m'ont à quatre fois reconduit comme maire. C'est que globalement ils apprécient ce que je fais", estime-t-il.
"Alors aujourd'hui, devant un pareil drame, il faut un bouc-émissaire. Naturellement, un maire dans une ville est toujours responsable de tout. Je n'échappe pas à cela. Mais un peu de décence de la part de mes adversaires politiques, qui essaient d'anticiper les élections municipales de 2020…", réclame-t-il encore. Une élection à laquelle il ne participera pas. À 79 ans, il a décidé de passer la main.