Co-officialité du Corse, amnistie des prisonniers "politiques", statut de résident : Manuel Valls a de nouveau rejeté lundi les demandes les plus symboliques des dirigeants nationalistes corses à l'occasion de sa première visite comme Premier ministre dans l'île, où il a toutefois annoncé plusieurs mesures.
Deux annonces "relativement positives". "En fait, il y a deux questions très importantes qui ont été traitées de façon relativement positives", explique sur Europe 1 Jean-Guy Talamoni, président indépendantiste de l'Assemblée de Corse. La première, c'est la création au 1er janvier 2018 d'une collectivité unique, ancienne revendication nationaliste, réunissant la Collectivité territoriale de Corse et les conseils départementaux de Corse-du-Sud et de Haute-Corse. Jusqu'à présent, le gouvernement n'était pas favorable à la création de cette chambre. "Sur cette question, il y a un grand nombre de points qui ont été aujourd'hui validés par le gouvernement et qui ne l'étaient pas il y a encore quelques heures", se réjouit le nationaliste corse.
"Une évolution sensible du gouvernement" sur la fiscalité. "Et sur la question de la fiscalité du patrimoine, qui est très importante pour l'ensemble des Corses, là aussi, il y a eu un vote unanime de l'Assemblée. Sur cette question également, il y a une évolution sensible et positive du gouvernement", observe-t-il. Manuel Valls a ainsi annoncé la recherche d'une "voie juridique pour prolonger le régime dérogatoire spécifique" en vigueur en Corse en matière de droits de succession afin d'éviter, face à des hausses vertigineuses des prix, la dépossession de propriétés familiales. "Une proposition de loi solide soutenue par le gouvernement" doit être présentée à l'automne par les parlementaires insulaires, a ajouté le Premier ministre.
Mais sur les trois points les plus emblématiques, Manuel Valls a réitéré ses refus, lundi : "Nous avons démontré par nos échanges et notre travail que des résultats étaient possibles. (...). (Mais) il y a des lignes rouges, vous le savez. L'affirmation de l'identité corse ne passera pas par l'exclusion, la co-officialité de la langue ou le statut de résident", a-t-il dit.
Langue corse : "ce n'est pas une surprise". "Concernant la langue corse, la situation est bloquée", reconnaît Jean-Guy Talamoni. "Il y a bien des propositions, comme la création d'une agrégation de langue corse. C'est très bien, nous l'avons demandé mais cela n'est pas au centre de nos revendications, cela ne suffira pas pour sauver notre langue. Ce qu'il s'est passé aujourd'hui, ce n'est pas une surprise. C'est la confirmation d'une position qui a été affirmée de façon ancienne. Et pour notre part nous avons bien sûr réaffirmé notre revendication fondamentale tout en sachant parfaitement qu'elle ne pourrait pas être satisfaite immédiatement."
Sur les prisonniers, "la position de Paris va devenir intenable". Enfin, dernier point de blocage, la question des prisonniers corses sur le continent, dont l'amnistie est réclamée par les nationalistes. "Sur l'amnistie des prisonniers, là, il y a un profond désaccord entre le gouvernement et nous. Et quand je dis nous, ce n'est pas les nationalistes mais la Corse en général", explique Jean-Guy Talamoni. "Donc sur ce point, nous pensons que la position de Paris va devenir intenable et pour notre part nous allons remettre cette question sur la table des discussions. Nous sommes prêts à participer à un débat sur le champ d'application de la loi d'amnistie mais la question aujourd'hui ne se pose pas, alors même que l'ensemble de la Corse réclame que ce débat ait lieu".