Jean Leonetti, un modéré discret pour succéder à Laurent Wauquiez

Jean Leonetti assure la présidence de LR par intérim après le départ de Laurent Wauquiez. © JACQUES DEMARTHON / AFP
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Le maire d'Antibes est devenu président par intérim des Républicains après la démission de Laurent Wauquiez. Il incarne une ligne plus sociale que son prédécesseur.

La démission de Laurent Wauquiez, dimanche soir, a plongé Les Républicains dans les affres de l'introspection et Jean Leonetti sur le devant de la scène. Le maire d'Antibes, jusqu'ici vice-président du parti, est devenu par le truchement des statuts le président par intérim. Cadre dévoué et discret, l'ancien député des Alpes-Maritimes coche de nombreuses cases pour être l'homme de la situation jusqu'à l'élection d'un successeur en bonne et due forme, prévue à l'automne.

Un rassembleur de la première heure

Jean Leonetti est, au départ, membre du Parti radical, qui s'est allié à la droite pour composer l'UMP en 2002. Longtemps vice-président de ce parti, il en a abandonné les responsabilités en 2012, lorsque celui-ci a revendiqué son autonomie par rapport à l'UMP. Une décision parmi d'autres qui illustre les velléités de rassemblement de celui qui est maire d'Antibes depuis 1995. "J'ai vécu une période dans laquelle il y avait Charles Pasqua et Simone Veil dans le même gouvernement", a-t-il rappelé sur France 2 mardi matin. "Dans laquelle des personnalités comme Jean-Louis Borloo et Nicolas Sarkozy travaillaient ensemble."

Assurant aujourd'hui l'intérim de LR à la suite d'un Laurent Wauquiez qui n'a, selon ses détracteurs, pas su faire coexister toutes les tendances de la droite au sein d'une même famille, Jean Leonetti a donc à cœur de renouer avec un objectif clair : "rassembler sans se renier." Il pourra mettre à profit l'expérience acquise lors du vote, en 2005, de la loi sur la fin de vie qui porte son nom. À l'époque, celui qui était rapporteur du texte établissant les notions d'"obstination déraisonnable" et de "prolongation artificielle de la vie" avait réussi à obtenir un consensus autour.

Un modéré après Wauquiez

Par rapport à Laurent Wauquiez, coupé d'une partie de LR par ses idées et ses propos de droite dure, Jean Leonetti a toujours incarné une ligne plus modérée. "On n'est pas obligé d'aimer tout le monde, mais ce qui importe, c'est que le courant social et humaniste ait sa place" à l'UMP, affirmait-il ainsi en 2011 à Libération. Sur plusieurs questions, le maire d'Antibes a déjà assumé sa différence. À l'été 2016, il était l'un des rares édiles de droite de la Côte d'Azur à ne pas publier d'arrêté d'interdiction du burkini dans sa commune.

La même année, Jean Leonetti avait soutenu Alain Juppé à la primaire. Là aussi, une exception parmi les élus de droite du littoral. En juin 2018, celui qui allait être intronisé officiellement numéro 2 de LR tenait toujours le même discours dans les colonnes du Monde. "Laurent [Wauquiez] incarne une ligne d'autorité sur les questions régaliennes, j'incarne une ligne humaniste et pro-européenne."

Un discret apprécié

S'il arrive sur le devant de la scène à l'aune d'une démission, Jean Leonetti n'est pas un grand habitué des projecteurs. L'homme a su cultiver une discrétion qui joue beaucoup dans sa popularité au sein des Républicains. N'affichant aucune ambition personnelle, il est de ceux qui ne sont pas suffisamment dangereux pour s'attirer des ennemis. "Je suis certes brillant et jeune d'esprit, mais j'ai 70 ans", déclarait-il non sans humour en décembre dernier, lorsqu'il déclinait la tête de liste LR aux européennes.

Aujourd'hui, le président par intérim n'est pas dans les starting-blocks pour 2022. Encore un avantage certain par rapport à Laurent Wauquiez, alors que beaucoup de voix en interne réclamaient une tête de parti toute entière concentrée sur sa tâche plutôt que l'échéance présidentielle. "Je n'ai pas l'intention de faire un intérim de dix ans", a prévenu Jean Leonetti mardi sur France 2. "J'ai l'intention de faire émerger un rassemblement sur les idées et une élection qui amène un nouveau président."

Cette élection devrait se tenir "à la rentrée, au mois de septembre-octobre". D'ici là, le maire d'Antibes doit veiller sur un parti qui "peut mourir", selon ses propres dires. À ceux qui rient bien volontiers de voir ce rôle échoir à un spécialiste de la fin de vie, Jean Leonetti a rappelé sa profession : "Je suis aussi cardiologue réanimateur. J'ai probablement plus sauvé de vies qu'accompagné des vies vers la mort."