Les révélations autour des "Panama Papers" continuent. Mardi matin, Le Monde détaille un imbroglio financier autour de comptes détenus par Gérald Gérin, l'ex-majordome de Jean-Marie Le Pen. D'après le quotidien, qui a pu accéder aux 11,5 millions de documents confidentiels du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca à l'origine du scandale planétaire, une société offshore, dont Gérald Gérin est l'ayant droit, apparaît sur les fichiers secrets ayant fuité.
L'ex-homme de confiance aurait servi de "prête-nom". C'est en 2008 que Gérald Gérin est devenu l'ayant-droit de cette structure nommée Balerton Marketing Limited, après la mort Georges Paschos (frère de Jany Le Pen, la deuxième épouse de Jean-Marie Le Pen), premier bénéficiaire de cette société-écran.
Les enquêteurs de Tracfin soupçonnent Jean-Marie Le Pen de s'être servi de son ancien majordome pour dissimuler une partie de sa fortune dans ce trust créé en 2000 dans les îles Vierges britanniques. "Il est possible que l'intéressé assume pleinement son rôle d'homme de confiance, jusqu'à intervenir comme prête-nom", notent les enquêteurs, au sujet de Gérald Gérin, à l'intention des juges d'instruction.
Un compte bancaire confidentiel à Guernesey. La consultation des registres de la firme panaméenne dévoile "des documents-clés" comme "l'acte de naissance de Balerton Marketing Limited (le 15 novembre 2000, sur l'île de Tortola), le nom de son représentant légal (l'avocat pénaliste suisse Marc Bonnant) et la mention d'un compte en banque à Guernesey", indique le quotidien.
Plus de 97.000 euros en billets, 26 lingots et des pièces d'or. Quant au magot de la société Balerton Marketing Limited, il se compose de 97.000 euros en billets, de 854. 000 euros en titres, 26 lingots et autres pièces d'or. Bien que le mystère demeure autour de l'identité du véritable bénéficiaire de ce trésor, "les magistrats ont entre les mains de multiples éléments qui permettent d'établir un lien entre les époux Le Pen et les avoirs détenus par Balerton Marketing Ltd", ajoute Le Monde.
C'est Mediapart, qui avait révélé l'existence de ces avoirs en avril 2015. Par la suite, Tracfin, la cellule antiblanchiment de Bercy, avait envoyé un signalement au parquet de Nanterre, concernant des soupçons de compte bancaire caché en Suisse détenu par Jean-Marie Le Pen. Depuis juin 2015, le parquet national financier a ouvert une enquête pour "blanchiment de fraude fiscale" à l'encontre de l'ex-président du Front National.
Le Pen fustige une "opération d'enfumage". Si l'ex-homme de confiance du fondateur du Front National reconnaît bien être l'ayant droit de cette société, il nie néanmoins auprès du Monde que l'argent ait un quelconque rapport avec Jean-Marie Le Pen. "Je n'ai jamais servi de prête-nom pour Jean-Marie Le Pen", se défend-il.
Quant à celui qui est toujours président d'honneur du parti d'extrême-droite, il a dénoncé sur son compte Twitter "une opération d'enfumage pour cacher les pipis fiscaux des ministres socialistes Cahuzac et Thévenoud".
Panama Pampers : opération d’enfumage pour cacher les pipis fiscaux des ministres socialistes CAHUZAC et THEVENOUD.
— Jean-Marie Le Pen (@lepenjm) 5 avril 2016