Le tribunal correctionnel de Paris a relaxé vendredi l'ex-président du Front national Jean-Marie Le Pen, qui était jugé pour provocation à la haine raciale, sept ans après sa phrase sur la "fournée" qui avait suscité un tollé. En 2014, alors qu'il s'en prenait à des artistes engagés contre l'extrême droite dont Patrick Bruel, d'origine juive, Jean-Marie Le Pen avait déclaré dans une vidéo : "Écoutez, on fera une fournée la prochaine fois !"
Une pluie de condamnations en 2014
Au procès, le ministère public n'a pas présenté de réquisitions, s'en remettant au jugement du tribunal. Pour le procureur, "l'usage du terme 'fournée' n'avait absolument rien d'innocent" et constitue une "grave faute morale".
Ces mots avaient déclenché une pluie de condamnations et semé la discorde au sein de son propre parti. Sa fille Marine Le Pen, alors présidente du FN, avait décrit "une faute politique". Le cofondateur du parti avait été exclu du mouvement à l'été 2015, avant d'être déchu de sa présidence d'honneur au congrès de mars 2018.
Pas de "signification polémique", selon Le Pen
Au terme d'un long processus de retrait de son immunité parlementaire, Jean-Marie Le Pen a été jugé, de même que Jean-François Jalkh, poursuivi en tant que directeur de publication du site internet du FN.
Dans un courrier transmis au tribunal pour l'audience du 1er septembre, Jean-Marie Le Pen avait de nouveau soutenu que le mot "fournée" n'avait "jamais eu de signification polémique ni même politique". Les avocats des prévenus avaient plaidé la relaxe, voyant dans cette affaire "une interprétation devenue folle d'un terme aussi anodin, banal", selon Me David Dassa-Le Deist, l'avocat de Jean-François Jalkh.