Jean-Marie Le Pen va créer une formation politique "pas concurrente du FN"

© ALAIN JOCARD / AFP
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Benjamin Bonneau et Antonin André , modifié à
Le père de Marine Le Pen souhaite créer "un parachute contre le désastre" pour "recueillir tous ceux qui sont actuellement indignés de la ligne politique suivie" par le FN. 

"Une formation pas concurrente". Jean-Marie Le Pen n'a pas dit son dernier mot dans la guerre intestine qu'il livre à sa fille Marine. La retraite, très peu pour lui. "Je ne vais pas créer un autre parti", a-t-il fait savoir lundi sur Radio Courtoisie, en réponse aux rumeurs. "Je vais créer une formation qui ne sera pas concurrente du FN", a-t-il ensuite annoncé, lui qui a été suspendu lundi 4 avril du FN par les instances du parti qu'il avait cofondé en 1972.

"Un parachute contre le désastre". Cette formation, a-t-il dit, sera "un parachute contre le désastre, de façon à peser pour rétablir la ligne politique qui est celle qui a été suivie depuis des décennies". Joint par Europe 1 lundi soir, "le Menhir" explique que son souhait est de créer une sorte d'association des amis de Jean-Marie Le Pen, qui rassemblera les militants et les cadres  qui l'ont soutenu dans la tempête. Objectif : se compter et peser dans le cadre d'un congrès qu'il appelle de ses vœux, mais "un vrai congrès", pas une consultation numérique ou "un congrès virtuel", comme le prévoit pour le moment le FN.

"Je ne me laisserai pas faire, je crois qu'il faut rétablir dans le mouvement une véritable démocratie", a tonné Jean-Marie Le Pen. Passé les considérations émotionnelles, "le Vieux" veut ferrailler sur la ligne politique du FN. Il estime ainsi que sa fille fait fausse route en privilégiant les sujets économiques, comme la défense de la retraite à 60 ans. Pour lui, la priorité est de revenir aux fondamentaux : immigration, sécurité, lutte contre le chômage.

Des attaques contre Philippot. Si Marine Le Pen s'est éloignée de ces "fondamentaux frontistes, c'est, selon lui, parce qu'elle est prisonnière d'un petit groupe de prédateurs opportunistes. Dans sa ligne de mire, comme il le fait depuis quelques temps, le vice-président du FN Florian Philippot, la tête pensante de sa fille Marine. "J'aime mieux être battu sur mes idées qu'élu sur celles de mes adversaires. Je ne veux pas que le FN devienne comme le mouvement de (ndlr: Gianfranco) Fini (en Italie), une aile droite de la majorité, de façon que Philippot et quelques autres deviennent ministres, ce dont je me fiche..." a-t-il asséné.

"Marine Le Pen a une grande valeur". Jean-Marie Le Pen entre donc en résistance. Mais il est désormais bien seul, lâché par tous ses compagnons de route, à l’exception de quelques uns. "Attristé de cette situation", le cofondateur du FN, extrêmement virulent avec sa fille la semaine dernière - "J'ai honte qu'elle porte mon nom", avait-il lâché sur Europe 1 -, glisse cette fois que "Marine Le Pen a une grande valeur". "C'est quelqu'un de qualité, qui supporte des responsabilités écrasantes." Est-elle à la hauteur? "C'est le problème, il faut aussi qu'on l'aide à ça. On l'a laissée seule un petit peu face à ses collaborateurs." Une forme de mea culpa ?