Jean Rottner : dans le Grand Est, "on nous promet des respirateurs depuis des semaines, mais nous ne voyons rien arriver"

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La région Grand Est, et notamment l'Alsace, est fortement touchée par l’épidémie de coronavirus. Mais malgré cette crise, le manque de matériel hospitalier est toujours criant, selon le président de la région Jean Rottner. "Il faut absolument résoudre ce sujet", s’est-il indigné sur Europe 1.
INTERVIEW

C'est la première région française frappée de plein fouet par le coronavirus. Depuis déjà plusieurs semaines, le Grand Est est confronté à un afflux de patients, avec près de 4.000 hospitalisations et 917 décès depuis le début de l'épidémie, selon le dernier bilan donné lundi soir par les autorités. Mais malgré cette situation de crise, notamment en Alsace, les hôpitaux de la région sont toujours confrontés à un sévère manque de matériel, selon Jean Rottner. 

"Ça va mieux pour les masques, mais il y a plein d’autres choses qui viennent à manquer. Il manque des surblouses, des protège-chaussures, des drogues pour endormir correctement les patients. On nous promet des respirateurs depuis des semaines, mais nous ne voyons rien arriver. C’est cela qui pénible. On peut demander aux soignants d’être au front quotidiennement, mais quand ça ne suit pas les choses ne vont pas", s'est indigné le président de la région Grand Est, lundi soir sur Europe 1. "Il faut absolument résoudre ce sujet", demande l'élu LR. 

"Il y a trop de lourdeur dans la chaîne de soins" 

S'il se refuse à incriminer le gouvernement, Jean Rottner demande une solution d'urgence pour permettre aux hôpitaux du Grand Est de continuer à faire face à un afflux de patients toujours aussi nombreux. "Il faut absolument que le gouvernement prenne en considération ces sujets et qu’il y trouve les remèdes. C’est une question de santé publique", implore Jean Rottner, qui explique ces difficultés par une trop grande "lourdeur" administrative. 

 

"Olivier Véran (le ministre de la Santé) en est largement conscient, on échange souvent sur ces sujets", assure le président de la région Grand Est. "Mais il y a trop de lourdeur dans la chaîne de soins. Les réponses n’arrivent pas entre une décision du gouvernement et sa réalisation sur le terrain. Il y a trop d’intermédiaires, alors qu’il y a des solutions très simples qui pourraient se résoudre de médecin à médecin", dénonce-t-il. "On est obligés de passer par toute une chaîne administrative. Il manque encore du matériel indispensable pour protéger nos soignants. On ne peut pas continuer à leur faire prendre les risques qu’ils prennent aujourd’hui."

"Nos hôpitaux ne pourront pas faire face" 

La région Grand Est est en effet confrontée à un tel afflux de malades que de nombreuses évacuations ont dû être menées ces derniers jours pour désengorger les hôpitaux. Six patients ont ainsi été transférés lundi par trois hélicoptères de l'armée de terre depuis Strasbourg vers la Suisse et l'Allemagne. "Les patients de réanimation doivent être transférés. Les ponts aériens entre la région Grand Est et les autres régions sont exceptionnels, je n’aurais jamais assez de mots pour remercier ces régions ainsi que la Suisse et l’Allemagne. Mais c’est la seule issue possible pour que nous puissions faire face", assure Jean Rottner. 

 

"Nos hôpitaux ne pourront pas faire face, la situation est très tendue. En Alsace, certaines situations ont pu être gérées par un pont aérien. Mais l’épidémie est présente dans le nord de la Lorraine, dans les Vosges et s’approche petit à petit de la Champagne. On sent que les tensions sont également présentes à Reims", a prévenu le président de la région Grand Est. "Les cas graves qui arrivent à l’hôpital sont toujours aussi graves. La pression est toujours là."