Alors que Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, entame sa huitième visite de la "Jungle de Calais vendredi après-midi, et que des associations de riverains et de commerçants menacent d'entamer des opérations escargot pour réclamer le démantèlement du camp de migrants, la maire (LR) de la ville, Natacha Bouchart s'agace de l'immobilisme du gouvernement au micro d'Europe 1.
"On ne m'a pas écoutée". Depuis quelques mois, la situation a empiré dans la "Jungle" : on compte aujourd'hui environ 50% de migrants de plus qu'en juin, soit près de 6.900 personnes. "On en est arrivés là parce qu'on n'a pas écouté mes propositions et les différentes alertes que j'ai pu faire", s'agace Natacha Bouchart. "J'ai toujours dit que s'il y avait un démantèlement de la zone sud, il fallait faire celui de la zone nord dans la foulée et ne pas attendre l'Euro ou la saison estivale car il y a des manques d'effectifs et qui est propice à des remontées migratoires".
"Le ministre doit faire face à ses responsabilités". "Je ne suis pas ministre de l'Intérieur, je suis maire de Calais, je veux que ma population puisse vivre sereinement", lance Natacha Bouchart qui accuse l'immobilisme du gouvernement. "Je n'arrive plus à entendre ce message qu'on va démanteler le camp en plusieurs mois. L'expérience a été faite et le nombre de migrants a quasiment doublé", raconte l'élue qui rappelle que depuis un an, elle "demande le recours à l'armée pour encadrer le camp". "Si on accepte cette situation, c'est plus 6.000 migrants qu'on aura, mais 15.000", lance-t-elle avant de conclure : "Aujourd'hui le ministre doit faire face à ses responsabilités".
"Calais a fait plus que sa part d'humanité". "Les riverains [du camp] voient passer des migrants et des passeurs qui traversent leurs jardins et dégradent leurs biens", affirme l'édile qui parle "d'attaques de masse" qui se dérouleraient chaque nuit. Lundi matin, Natacha Bouchart rendra visite aux commerçants et riverains qui entament une opération escargot afin de réclamer le démantèlement de la "Jungle". "Je les comprends et je les soutiens. Calais a fait plus que sa part d'humanité", estime la maire.