Sa victoire à la primaire était celle de la clarté, mais ces jours-ci, c’est au mieux le flou, au pire la reculade. La victoire de François Fillon était celle de la radicalité : il s’enlise désormais dans le compromis. Sa victoire était celle de celui qui assume, qui dit les choses : il lui a fallu trois jours pour enfin s’exprimer sur le drame d’Alep. François Fillon traverse une sévère zone de turbulence !
La gauche au premier plan. Pour autant, le candidat à la présidentielle ne s’inquiète de rien. D’abord parce que la gauche prend toute la place : entre les accusations de mauvais payeurs et les volte-face de Manuel Valls sur le 49.3, les mésaventures de François Fillon sur la Sécu passent au second plan.
Déjà vu. Ensuite, l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy est en train de vivre exactement ce qu’a vécu François Hollande en novembre-décembre 2011. Grand vainqueur de la primaire, le candidat a dû essuyer tout une série de polémiques : crise de couple avec les Verts sur la question du Mox, ce combustible nucléaire auquel François Hollande ne voulait pas renoncer, critique sur son équipe de campagne, et les économistes qui sonnent l’alerte sur sa prévision de croissance à 2.5%. Bref, la période veut ça. Vous êtes désigné, vous êtes favori, vous n’avez encore personne en face et on dit : "la campagne patine".
Une dynamique en faveur de la droite. Mais finalement, François Hollande a fini par gagner, parce que le pays était à gauche. Aujourd’hui le pays est à droite, Les Républicains ayant obtenu la majorité à presque toutes les élections intermédiaires depuis 5 ans. Donc l’enjeu pour François Fillon, c’est de tenir jusqu’à fin janvier sans trop s’abîmer. Ensuite, commenceront les choses sérieuses. Il est impossible de prédire quoi que ce soit à 5 mois d’une élection. Si François Fillon n’a pas déjà gagné, il est très loin, en tous cas, d’avoir déjà perdu !