L'écrivain Philippe Besson a écouté attentivement le discours de Jean-Luc Mélenchon, dimanche, en clôture de l’université d’été de La France insoumise dans la Drôme. Le chef de file des Insoumis a reporté à octobre son choix pour la prochaine élection présidentielle, tandis que les autres partis politiques sont dans les starting-blocks pour les prochaines échéances électorales. Avec, évidemment, 2022 en vue, comme l'analyse Philippe Besson dans sa première "carte blanche" du Grand journal du soir, lundi.
"Je l’avoue, j’ai été autant amusé qu’agacé par les contorsions de Jean-Luc Mélenchon, pour ne pas dire ses simagrées. Ira ? N'ira pas ? Il n’a pas répondu dimanche mais, promis juré, il nous fera la grâce de mettre fin à notre supplice en octobre. Supplice tout relatif, néanmoins, car je me demande s’il y a une seule personne en France qui pense sérieusement que Jean-Luc Mélenchon ne sera pas candidat. Son égo survivrait-il à un tel renoncement ? On peut même affirmer sans beaucoup de crainte d’être contredit qu’il se présentera également en 2027 et en 2032. C’est son côté 'Compagnons de la Chanson' ou Fidel Castro : il ne sait pas raccrocher.
Les Écologistes tenaient eux aussi leur université d'été
Chez les écologistes également, les ambitions s’affirment. Portés par leurs succès électoraux aux élections européennes l’an passé et aux municipales cette année, ils sont convaincus que c’est leur tour. Soyons honnêtes : ils ont de vraies raisons d’y croire. D’ailleurs, Yannick Jadot le clame, lui qui se 'prépare'. Sauf qu’Éric Piolle, le maire de Grenoble, n’a pas du tout l’intention de lui laisser la place. Et que Julien Bayou, le patron d'Europe Écologie-Les Verts, ne le trouve pas assez à gauche. Et que Nicolas Hulot, tel un fantôme poussiéreux, menace de sortir de son placard à tout moment. Les écologistes n’ont pas leur pareil pour se tirer une balle dans le pied.
Au Parti socialiste, en revanche, on ne voit rien venir
On cite le nom d’Anne Hidalgo qui, pourtant, ne cesse de jurer qu’elle est très heureuse dans sa fonction de maire de Paris et n’a nullement l’intention de se porter candidate. Ce sont autant de dénégations qui nous permettent d’affirmer qu’elle se présentera donc sur la ligne de départ. Elle serait déjà en train de se mettre en ordre de bataille et attend que son nom s’impose, ce qui ne devrait pas être difficile puisqu’au Parti socialiste, il ne reste que des 'has been' ou 'des nobodies'.
Et à droite, que se passe-t-il ?
Ça commence à se bousculer. Rappelons que le candidat Les Républicains n’a pas figuré au second tour en 2017, que le parti a fait 8% aux européennes, qu'Emmanuel Macron a siphonné l’électorat traditionnel du parti. Mais cela n’empêche pas d’y croire. Pour preuve, Xavier Bertrand a tenu à nous envoyer une carte postale de Corse pendant ses vacances : lui aussi se 'prépare'. En revanche, pour lui, pas question de se soumettre à des primaires : il ne va pas, en plus, demander leur avis aux électeurs.
Dimanche, c'est dans Les Dernières Nouvelles d’Alsace que Bruno Retailleau s’est positionné : il se lance dans la course. 'Bruno qui ?' Mais si, le type qui était dans l’ombre de François Fillon. Fillon, vous vous souvenez, le type qui s’est fait blackbouler avec ses casseroles il y a trois ans. Un profil de winner, donc, ce Retailleau.
On évoque aussi François Baroin. Une clameur monte, une pression amicale se dessine. Sauf que l’intéressé se complaît aux abonnés absents et n’en a pas tellement envie, paraît-il. À son sujet, Nicolas Sarkozy aurait d’ailleurs murmuré : 'J’ai du mal à me convaincre que s’il n’a pas envie en juillet, il aura envie en septembre.' Comme tout cela est cruellement dit.
À l’extrême droite, Marine Le Pen sera candidate
Oui, Marine Le Pen nous l’a annoncé dès le mois de janvier, histoire de couper l’herbe sous le pied à sa nièce. Pas vraiment un scoop, me direz-vous : un Le Pen a été candidat à toutes les élections présidentielles depuis 1988. On peut dire qu’on a de la constance et de la persévérance dans la famille. D’aucuns prétendent que cette fois-ci pourrait être la bonne. Qui sait ? Dans ce cas, j’ai une suggestion : il faudrait dès à présent décider de supprimer le débat de l’entre-deux tours. Un deuxième crash en direct lui serait fatal.
Vous ne parlez pas d’Emmanuel Macron…
Emmanuel Macron ne dit rien parce qu’il ne peut rien dire, évidemment. Il ne dira rien le plus longtemps possible parce que c’est son intérêt. Mais il ne fait aucun doute, là non plus, qu’il sera candidat. À part François Hollande, tous les présidents sortants se sont représentés mais François Hollande était-il vraiment président ? Et puis, nommer Jean Castex à Matignon, promouvoir Gérald Darmanin, chouchouter Bruno Le Maire, ressusciter Roselyne Bachelot, poursuivre une politique libérale et sécuritaire le démontrent : il a bien l’intention d’être le candidat de la droite. Il a forcément lu le politologue Jérôme Fourquet qui nous explique que 'la France est plus à droite que jamais' et il en a tiré les leçons qui s’imposent.
Tout cela n’est pas très enthousiasmant !
'On n’est jamais à l’abri d’une surprise', me répétait ma grand-mère. Alors pourquoi ne pas en espérer une ? On a le droit de rêver, d’extravaguer, de fantasmer, non ? Ma grand-mère ajoutait toujours : 'Le problème avec les surprises, c’est qu’elles sont souvent mauvaises'."