Le geste contre Manuel Valls est un geste pour faire mal, un geste de haine ; c’est un niveau de violence assez rare à l’encontre des politiques. Il y a bien sûr des précédents mais la plupart relèvent de l’entartage, pas de l’uppercut ou de la gifle. Rappelons Lionel Jospin, aspergé de ketchup à Rennes, lors de la campagne présidentielle en 2002. Dix ans plus tard, François Hollande avait subi un jet de farine par une femme, lors de sa campagne. Manuel Valls y a aussi eu droit à Strasbourg, il y a quelques semaines.
Il s'agit de tourner les hommes politiques en ridicule. Ces gestes sont agressifs, mais ce n’est pas pour faire mal physiquement : il s'agit pour leurs auteurs de tourner les hommes politiques en ridicule, de dénoncer symboliquement. Emmanuel Macron avait reçu un œuf devant une poste à Montreuil, Eric Woerth avait essuyé un jet de yaourt à la fête de l'Huma, en 2009, alors qu'il était ministre. Les agressions directes sont heureusement beaucoup plus rares La dernière portée contre un responsable politique remonte à 2011, quand le président Nicolas Sarkozy avait été agrippé brutalement à l’épaule par un homme dans un bain de foule. Encore plus grave, Bertrand Delanoë avait été poignardé en 2002, en sa mairie de Paris. Et comment oublier Maxime Brunerie, qui manque de tirer sur Jacques Chirac le 14 juillet 2002 sur les Champs Elysées ?
Il est accusé d’avoir brutalisé sa majorité. Mais pour Manuel Valls, c'est la deuxième fois durant cette campagne qu'il est une cible, après le jet de farine à Strasbourg. L'ancien Premier ministre déclenche indéniablement plus d'agressivité que les autres candidats de la primaire de la gauche. C’est inexcusable de s’en prendre physiquement, mais on le voit à chacun de ses déplacements : Manuel Valls est pris pour cible. Le plus souvent verbalement, certes, avec une violence qui lui revient en boomerang. Manuel Valls est l’homme du 49.3, incarnant un Premier ministre accusé d’avoir brutalisé sa majorité.
Il donne le sentiment d’avoir du mal à retenir une violence rentrée. Cette violence politique est l'un des aspects que la gauche et une partie du peuple lui reproche aujourd'hui, en tant que candidat. L’autorité de Manuel Valls, l’autoritarisme diront ses adversaires, nourrit les réactions violentes à son endroit. Une image revient à la vue des images de la gifle qui lui a été portée hier à Lamballe : la gifle ou la petite tape répétée qu'il avait lui-même donnée à un jeune militant socialiste à La Rochelle, en août 2015. Mâchoires serrées, dans une ambiance de bronca, Manuel Valls donne le sentiment d’avoir du mal à retenir une violence rentrée…. Il ne s’agit pas d’excuser l’agression dont il a été victime, mais cela révèle l’image qu’il a lui-même installée, et illustre son rapport à l’opinion publique.