La droite s’y est habituée. Pour le troisième mercredi consécutif, le Canard enchaîné est venu troubler la campagne de François Fillon en révélant que son épouse a perçu 45.000 euros d’indemnités de licenciement, quand elle occupait un poste d’assistante parlementaire. Un nouveau coup dur pour le candidat LR à la présidentielle, au lendemain de sa conférence de presse aux allures d’opération vérité, censée relancer une campagne difficile avec une nouvelle dynamique.
"Plus d'organisation pléthorique". Pour François Fillon, la tentative de reconquête démarre par un nouvel organigramme de campagne. Exit, tout d’abord, le conseil stratégique composé de 45 personnes. "Il y avait sûrement un effet primaire en décembre, avec beaucoup de monde, mais il n’y a maintenant plus besoin d’avoir une organisation pléthorique", juge Thierry Solère, porte-parole de la campagne.
Cette structure laisse donc place à un comité de campagne resserré de 23 membres (21 hommes et deux femmes), qui se réunira en temps normal les mardi et jeudi matins. "L’idée, c’est d’affirmer que la campagne est relancée avec une dimension collective des différentes sensibilités de la droite", veut croire Hervé Mariton, nouveau venu dans ce comité, après des soucis de santé. Plusieurs sensibilités, mais pas d’égalité : les juppéistes y sont par exemple beaucoup moins nombreux que les sarkozystes.
Le nouveau comité de campagne autour de François #Fillon, rassemblé avec le candidat juste après la #ConfDePresseFillon. pic.twitter.com/0ZIYhRNhc7
— Augustin Lefebvre (@AugustinLef) 6 février 2017
Arrêter la cacophonie avec un seul porte-parole. Dévoilé mi-décembre, le premier organigramme comportait six porte-parole, pour autant de personnes affectées aux "faits, chiffres et arguments". C’est désormais le seul Thierry Solère, un des organisateurs de la primaire, qui assurera la tâche de porte-parole officiel du candidat Fillon. "C’était une demande des parlementaires pour éviter d’avoir trop d’orateurs. Les autres peuvent continuer de parler", indique-t-il. "On ne pouvait pas continuer à avoir douze personnes qui parlent, en plus des autres membres de l’équipe", observe de son côté Benoist Apparu, qui n’est plus porte-parole depuis cette réorganisation.
Un seul porte-parole, pour ne plus reproduire les erreurs de l’affaire Fillon : quand le Canard enchaîné révèle mercredi 25 janvier que Penelope Fillon a été l’assistante parlementaire de son mari, les équipes du candidat ne prennent pas la mesure de l’impact causé par ces informations. Sans ligne directrice ni éléments de langage, les porte-parole livrent des versions différentes aux médias, aggravant la crise. "Une dizaine de porte-parole, c’est opportun quand tout va bien. Mais entre un et douze, il y a peut-être un équilibre à trouver", estime Benoist Apparu.
Accueil hostile lors des déplacements. Côté pilotage de la campagne, le patron des députés LR Christian Jacob est nommé au poste de responsable politique de la campagne, où il travaillera avec le filloniste Bruno Retailleau, son homologue au Sénat. Avec ce tandem, l’équipe Fillon souhaite éviter pour de bon les contestations chez les parlementaires ; les députés Georges Fenech et Philippe Gosselin s’étaient ainsi positionnés pour un retrait de François Fillon en fin de semaine dernière, avant de se rétracter.
Des changements aussi visibles sur l’agenda du candidat LR. Après Troyes, mardi, François Fillon est à Juvisy-sur-Orge, mercredi, avant de se rendre à Poitiers jeudi, et sur l’île de la Réunion à partir de vendredi. "Il y avait moins de déplacements lors des premières semaines", concède Thierry Solère. Ils étaient aussi moins houleux, alors que des opposants viennent maintenant perturber ses visites au son des "escroc", "voyou" et autres marques d’hostilité. François Fillon a beau parler de "nouvelle campagne", la tâche de ses équipes remaniées reste avant tout de faire oublier un passé omniprésent.