Un an de campagne, des lignes politiques différentes, un casting hors-norme avec Dominique Strauss-Kahn, Ségolène Royal (ex-candidate à la présidentielle), Martine Aubry et François Hollande, sans oublier le candidat performer inattendu Arnaud Montebourg : la primaire socialiste de 2011 a marqué les esprits. Et attiré, à l'arrivée, près de 3 millions de personnes dans les urnes. Mais la version 2016 de ce scrutin pré-présidentiel n'aura probablement rien à voir.
Voter pour éliminer. Exit la primaire de consécration, voici la primaire d'élimination. Jusqu'ici, ce vote s'apparente à un référendum anti-Hollande, destiné à empêcher le président de la République sortant de briguer un nouveau mandat. Du jamais vu sous la Ve République. Voter pour éliminer n'étant pas très mobilisateur, il est fort à parier qu'on sera loin des 3 millions de votants. Pour François Hollande, la partie est risquée. S'il perd la primaire, sa fin de mandat sera, là encore, du domaine de l'inédit. Battus par l'alliance Montebourg-Lienemann-Filoche, la parole et le statut présidentiel vont en prendre un coup.
Et s'il n'y allait pas... S'il gagne, il peut espérer être relégitimé aux yeux du peuple de gauche, mais seulement en cas de très large participation. Seul un élan populaire obligerait ses concurrents à le rallier. Mais ce n'est pas le plus probable. Reste aussi un scénario complètement inattendu : que François Hollande ne se représente pas. Cela s'est déjà vu en 1994, lorsque Jacques Delors, présumé candidat, avait finalement renoncé. Si François Hollande l'imite, le jeu devient alors plus ouvert. Le plus probable reste que Manuel Valls se porte candidat à sa place, avec l'avantage majeur de ne pas susciter le même rejet. On passerait alors véritablement du débat de personnes, du référendum anti-Hollande, au débat d'idées entre la ligne Montebourg et la ligne Valls.