Les députés sont en train de plancher sur leur avenir. Après la loi de moralisation de la vie publique l'été dernier, c'est tout le fonctionnement interne de l'Assemblée qui va changer, un chantier au moins aussi vaste que le Palais Bourbon et ses dépendances. Car c'est les élus ne veulent rien laisser de côté, leurs réflexions vont du statut des assistants parlementaires jusqu'au changement des règles du vote de la loi, en passant par l'approvisionnement de légumes bio pour la buvette des députés et l'isolation des fenêtres dans leurs bureaux.
Groupes de réflexion. Des groupes de travail ont été formés, avec des tables rondes dont les titres laissent parfois songeurs, par exemple : "Assemblée sans papiers : la dématérialisation des procédures législatives et des processus administratifs". L'objectif est de dépoussiérer les règles et usages en vigueur à l'Assemblée. "On doit casser les codes, on a été élus pour ça", répètent les députés En Marche!
Un vocabulaire très macronien. Efficacité et rationalité, c'est le crédo de François de Rugy, le président de l'Assemblée nationale. Une ligne de conduite qui rappelle furieusement ce qui a contribué à faire le succès d'Emmanuel Macron pendant sa campagne : importer les recettes et la culture de l'entreprise dans la vie politique.
"Faire vite et mieux". L'ancien membre d'EELV veut limiter le nombre d'amendements et les navettes avec le Sénat, débattre et voter certains textes directement en commission, ne pas transformer l'hémicycle en mauvais théâtre pour députés en mal de notoriété. "Faire vite et mieux", résume encore François de Rugy. "Faire vite et mal", lui rétorque le Républicain Daniel Fasquelle. "Ce que nous propose monsieur de Rugy, c'est de bâcler notre travail pour avaler le maximum de textes. À la fin, les Français auront encore plus de lois, encore plus mal écrites, et avec tous les problèmes concrets que cela pose sur le terrain", estime-t-il.
Une révolution de velours ? Là aussi, c'est le choc entre le vieux monde et le nouveau, théorisé par Emmanuel Macron. Néanmoins, les plus anciens, comme le Républicain Claude Goasguen, vingt ans d'Assemblée, pensent que leurs collègues d'En Marche! vont finir par refréner leur appétit de changement :"J'ai le sentiment que ça se calme un peu, et que les députés En Marche! sont confrontés à la dure réalité de la pratique quotidienne". Et puis les décisions qui vont être prises seront étalées jusqu'en 2022. On reste donc dans le cadre cossu et feutré de l'Assemblée nationale ; s'il doit y avoir une révolution au palais Bourbon, ce sera forcément une révolution de velours.