Pierre Ferracci 0:38
  • Copié
Margaux Baralon , modifié à
Pierre Ferracci, président du Groupe Alpha et ami d'Emmanuel Macron, a estimé jeudi sur Europe 1 que l'exécutif avait échoué à convaincre du bien-fondé de la réforme des retraites. Selon lui, il faut "reprendre les choses d'une autre façon". Mais "la partie va être difficile".
INTERVIEW

Il est l'un des proches de longue date d'Emmanuel Macron. C'est aussi un spécialiste des la gestion des relations sociales, qui intervient notamment auprès des organisations syndicales et des représentants du personnel. Pierre Ferracci, président du Groupe Alpha, a estimé jeudi sur Europe 1 que "la réforme des retraites a[vait] été mal conduite depuis le début" par l'exécutif.

"Les objectifs d’équilibre, paramétriques, l'ont emporté sur les équilibres systémiques", analyse Pierre Ferracci. "On n'a pas réussi à convaincre que le système à points, le régime universel, était synonyme d'égalité, d'équité. À partir de là, je crois qu'il faut reprendre les choses d'une autre façon." Ce qui ne sera pas aisé. "La partie va être difficile car la majorité de l'opinion est encore, qu'on le veuille ou non, derrière le mouvement social."

"Il n'y a pas tant d'essoufflement que cela"

Alors que la grève contre la réforme des retraites entreprise par divers secteurs, notamment les transports, dure depuis 29 jours, "le système à points est aujourd'hui connoté négativement", souligne le président du Groupe Alpha. "Il est synonyme de déstabilisation du système par répartition." Et l'exécutif n'a pas réussi à imposer sa vision des choses, à savoir son "objectif d'universalité".

Pour Pierre Ferracci, rien ne dit que la mobilisation va se tasser. "Tenir pendant plusieurs semaines une grève est difficile et il n'y a pas tant d'essoufflement que cela", note-t-il. Lui anticipe une "mobilisation forte" le 9 janvier prochain, lors de la prochaine journée interprofessionnelle de manifestations et de grève. Surtout, il met en garde l'exécutif : "La contestation sociale n'est pas simplement liée au nombre de grévistes. Ce que peut craindre le gouvernement, c'est que l'exaspération sociale ressorte d'une autre façon." Dans les urnes en 2022, par exemple.

Supprimer l'âge pivot

Pour mettre fin à la contestation, Pierre Ferracci avance une solution concrète : la suppression de l'âge pivot, mesure contestée par absolument tous les syndicats, y compris les plus réformistes comme l'Unsa et la CFDT. "Je pense qu'il faut le supprimer", assène-t-il. "Il est injuste sur le fond et les syndicats ont raison de le critiquer." Le président du Groupe Alpha trouve aussi qu'il faut "traiter la question de la pénibilité". "Il faut oublier les slogans un peu facile, 'un euro cotisé débouche sur les mêmes droits' et traiter les situations spéciales. Ce n'est pas parce qu'on a ciblé les régimes spéciaux qu'il faut oublier les situations spéciales."