"Le dernier régime à avoir massivement utilisé [la déchéance de nationalité], c'est le régime de Vichy." Prononcée par Cécile Duflot vendredi, cette phrase a enflammé l'Assemblée nationale. Il faut dire que la députée écologiste est une récidiviste. Le 24 décembre dernier, déjà, elle expliquait que la déchéance de nationalité est une réalité de l'Etat français pendant l'Occupation. Ce n'est donc pas un dérapage, mais bien un parallèle, que Cécile Duflot assume dans le cadre d'une stratégie bien précise.
Duflot ne se démonte pas. De fait, quelque 15.000 Français ont été déchus de leur nationalité sous Vichy, dont 6.000 Juifs, des Résistants et des ennemis du régime. Le fait que la réforme constitutionnelle de François Hollande doive permettre d'étendre la déchéance de nationalité à des terroristes condamnés ne trouble pas Cécile Duflot. Interrogée sur ce point en décembre dernier, elle avait répondu sans se démonter que, pendant la Seconde Guerre mondiale, le régime de Vichy appelait bel et bien terroristes les hommes et les femmes déchus de leur nationalité. Au risque de confondre les bourreaux d'aujourd'hui avec les victimes de l'époque.
Des propos condamnés. Ce parallèle a attiré à Cécile Duflot les foudres de nombreuses personnalités politiques. Le Premier ministre, Manuel Valls, a rappelé que "Vichy, ce n'est pas la République", avant de demander à la députée de "ne pas associer la démarche et la volonté du gouvernement avec cette période". Dans le Grand Rendez-Vous d'Europe 1, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a jugé les propos de l'écologiste "incompréhensibles" et "insupportables". Même François de Rugy, ancien d'Europe Ecologie-Les Verts qui avait claqué la porte pour fonder son propre parti, a demandé à Cécile Duflot de s'excuser.
Exister à gauche. A quoi joue donc l'élue de Paris ? L'ancienne ministre du Logement semble chercher à mettre le feu pour exister. Elle qui ne pense qu'à la présidentielle a pris du retard : en cas de primaire à gauche, elle n'est créditée que de 2 à 3% des suffrages, selon les sondages. Pour tenir la position de première opposante à la gauche de la gauche, il lui faut donc taper fort et souvent. Cécile Duflot joue de l'avantage d'être une parlementaire écologiste. Les députés socialistes, comme Benoît Hamon, ne peuvent se permettre d'aller aussi loin dans l'outrance. Quant à Jean-Luc Mélenchon, il n'a pas la tribune de l'Assemblée nationale pour se faire entendre.
Couper EELV de l'exécutif. Cécile Duflot veut également mettre le feu pour brûler toutes les chances des écologistes d'entrer au gouvernement. Pour faire d'EELV une alternative à la présidentielle, il lui faut faire en sorte que le fossé entre l'exécutif et les écologistes devienne infranchissable. Or, si Nicolas Hulot a d'ores et déjà refusé le ministère que lui offrait François Hollande, ce n'est pas le cas d'Emmanuelle Cosse. L'actuelle secrétaire nationale d'EELV est en contact régulier avec l'Elysée et reste ministrable. La stratégie pyromane de Cécile Duflot a cependant déjà fait une victime. Très présente sur les sujets comme les Roms, le travail du dimanche ou la déchéance de nationalité, l'élue écologiste en oublie de parler... d'écologie.